
Non, ce n’est pas (encore) la fin de l’argent liquide. Mais voici pourquoi l’Europe s’intéresse à l’idée d’un euro numérique.
C’est un sujet qui revient de plus en plus souvent dans les discussions en ligne, parfois dans des tons franchement alarmistes. Certains parlent même de “fin de la liberté”, d’autres de “contrôle total des achats”. Alors, qu’est-ce qui se cache vraiment derrière ce fameux euro numérique dont tout le monde semble parler ? Spoiler : non, votre porte-monnaie ne va pas disparaître demain matin.
L’euro numérique, c’est quoi exactement ?
L’idée, c’est de créer une version électronique de la monnaie que vous avez déjà dans votre portefeuille. Pas une cryptomonnaie. Pas un nouveau bitcoin. Juste une forme numérique de l’euro, directement émise par la Banque centrale européenne.
Et contrairement à ce que certaines vidéos TikTok ou publications Facebook affirment, il ne s’agit absolument pas de remplacer les pièces et les billets. L’argent liquide reste là, pour longtemps encore. En fait, la Banque de France vient même d’investir 250 millions d’euros dans une nouvelle imprimerie de billets. Difficile de faire plus clair.
Et à quoi ça servirait, concrètement ?
Imaginez pouvoir payer avec un euro numérique comme vous le feriez avec de l’argent liquide, mais sur votre téléphone ou avec une carte dédiée. Pas besoin de compte bancaire ni d’intermédiaire. L’idée, c’est d’avoir un moyen de paiement simple, sécurisé, accepté partout en Europe, et surtout public. Car oui, aujourd’hui, la majorité de vos paiements passent par des réseaux privés comme Visa, Mastercard, Apple Pay, etc.
Avec l’euro numérique, l’Europe veut reprendre un peu de souveraineté sur ses moyens de paiement et offrir une alternative aux systèmes américains. C’est un peu comme si on voulait ramener la simplicité du billet de 10 euros… dans un monde numérique.
Mais est-ce que ça veut dire qu’on pourra être surveillés ?
C’est l’une des grandes inquiétudes : la peur que chaque paiement soit suivi à la trace. Sur ce point, la Banque centrale se veut rassurante. Elle promet que vos données personnelles ne seront pas liées aux paiements, et que l’euro numérique sera aussi confidentiel que possible – sans pour autant permettre les usages illégaux.
Le but affiché, c’est de réduire les fraudes, mieux protéger les consommateurs, et permettre à chacun de payer librement, y compris hors ligne, même sans connexion internet.
Comment ça marcherait dans la vie de tous les jours ?
Si l’euro numérique voit le jour (et ce n’est pas encore fait), vous pourriez créer un portefeuille numérique depuis votre banque ou un bureau de poste. Vous pourriez y verser de l’argent depuis votre compte bancaire… ou même y déposer du liquide.
Ensuite, vous l’utiliseriez pour vos achats du quotidien, avec une appli ou une carte dédiée. Le tout, gratuitement pour les fonctions de base. Et avec un plafond de montant, pour éviter que ce soit utilisé à grande échelle comme un compte bancaire classique.
Et côté commerçants, qu’est-ce que ça changerait ?
Pour eux aussi, ce serait une petite révolution. Car aujourd’hui, chaque transaction par carte leur coûte de l’argent. Avec l’euro numérique, ils pourraient éviter certains frais, ce qui rendrait les paiements plus avantageux, notamment pour les petits commerces.
Et comme ce moyen de paiement serait public et européen, ça réduirait aussi la dépendance aux grandes plateformes privées étrangères.
Alors, on en est où exactement ?
Pas de panique, rien ne sera lancé du jour au lendemain. Le projet est en phase de réflexion depuis 2021, et une étude préparatoire a commencé en novembre 2023. Aucune décision n’a encore été prise.
La BCE prévoit de se prononcer à l’automne 2025. Et même si elle dit oui, l’euro numérique ne verrait pas le jour avant 2027 ou 2028. En clair, on en parle, on explore, mais on est encore très loin d’une généralisation.
Alors, faut-il s’inquiéter ?
Pas vraiment. L’euro numérique ne va pas remplacer vos billets, ni vous forcer à changer vos habitudes. C’est une option supplémentaire, un outil de plus dans notre monde numérique. Libre à vous de l’utiliser ou non.
Mais c’est un vrai tournant. Car il ouvre un débat de fond sur ce qu’on attend d’une monnaie, sur qui doit en garder le contrôle, et sur comment préserver nos libertés à l’ère du tout numérique.
Et ça, on a tous intérêt à s’y intéresser.