Une fissure inquiétante a été détectée sur une canalisation du circuit de sauvegarde qui doit refroidir le réacteur en cas d’accident nucléaire à la centrale de Penly. Cette découverte a retardé le redémarrage de plusieurs centrales françaises en raison d’anomalies similaires liées à la corrosion. La fissure, mesurant 15 centimètres de longueur et 23 millimètres de profondeur sur une épaisseur totale de 27 millimètres, a été qualifiée de « proche d’une fuite » par la directrice générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Karine Herviou.
EDF, le fournisseur d’électricité, avait communiqué dès le 24 février sur son site web concernant cette découverte, mais c’est le site « Contexte » qui a attiré l’attention sur cette information début mars. L’autorité de sûreté nucléaire (ASN) a publié un communiqué le 7 mars dans lequel elle a classé l’incident au niveau 2 de l’échelle INES pour le réacteur 1 de la centrale de Penly et au niveau 1 pour les autres réacteurs concernés.
La canalisation fissurée se trouvait dans une canalisation du bâtiment du réacteur 1 de la centrale de Penly, dans la partie du « circuit de sauvegarde ». Cette canalisation fait partie du circuit d’injection de sécurité appelé RIS, qui permet d’injecter de l’eau borée dans le cœur du réacteur en cas d’accident nucléaire. Selon EDF, la fissure serait due à la « corrosion sous contrainte », qui peut être causée par plusieurs facteurs, notamment la géométrie des lignes des circuits auxiliaires et les conditions de soudage.
L’ASN a également émis une hypothèse selon laquelle la soudure de la canalisation fissurée avait été réparée deux fois lors de la construction du réacteur, ce qui aurait modifié ses propriétés mécaniques et les contraintes internes du métal à cet endroit. Bernard Doroszczuk, le président de l’ASN, a déploré cette approche « inacceptable » lors d’une interview avec l’Agence France Presse le 8 mars.
L’ASN a demandé à EDF de réviser sa stratégie pour tenir compte de ces nouvelles informations et de prendre les mesures nécessaires pour garantir la sûreté des réacteurs nucléaires français.