La Slovaquie, pays d’Europe centrale comptant environ 5,4 millions d’habitants, fait face à une mesure pour le moins surprenante. Le gouvernement a décidé de limiter la vitesse des piétons, cyclistes et utilisateurs de trottinettes à 6 km/h sur les trottoirs. Cette nouvelle règle doit entrer en vigueur le 1er janvier prochain, avec une amende de 100 euros en cas de non-respect.
Selon les autorités, cette mesure vise à réduire le nombre d’accidents impliquant ces usagers. L’année dernière, 67 piétons, 22 cyclistes et utilisateurs de trottinettes ont perdu la vie. Toutefois, il n’est pas précisé si ces drames se sont produits sur la route ou sur les trottoirs. Sur place et en ligne, la population réagit avec ironie, jugeant cette décision absurde et disproportionnée.
Une politique contestée
Une volonté de limiter les accidents
Les responsables expliquent que limiter la vitesse à 6 km/h est une façon d’encourager une circulation plus sûre dans les zones urbaines souvent bondées. Cependant, de nombreux experts rappellent qu’un adulte marche généralement entre 4 et 6 km/h. Cela rend difficile l’application concrète de cette règle, et son efficacité est largement remise en question.
Une amende jugée excessive
Le montant de 100 euros pour un dépassement, jugé mineur, est considéré comme élevé par une grande partie de la population. Avec un revenu moyen d’environ 1 200 euros, cette sanction représente une charge importante. Certains critiquent cette mesure comme étant punitive et craignent qu’elle ne serve plus à contrôler plutôt qu’à sécuriser.
Réactions humoristiques sur les réseaux sociaux
Sur internet, les internautes se moquent de cette loi. Des montages montrent des radars détectant des piétons à 6,2 km/h ou des faux permis de marcher distribués. Dan Kollar, président d’une association de cyclistes, ironise en disant qu’à cette vitesse, il est difficile de garder l’équilibre, et que même les enfants de 3 ou 4 ans dépassent souvent cette vitesse en vélo. Ces réactions traduisent un profond scepticisme face à cette mesure jugée absurde.
Une réforme qui soulève des questions sur les libertés
Une tendance à la restriction
Depuis son retour au pouvoir en 2023, le Premier ministre Robert Fico a mis en place plusieurs réformes perçues comme restrictives pour les libertés individuelles. La limitation de la vitesse des piétons s’inscrit dans cette logique de contrôle. Pour ses opposants, cette loi témoigne d’une dérive autoritaire qui limite la liberté des citoyens, même sur des comportements anodins.
Une image ternie à l’international
À l’étranger, cette décision a été relayée avec étonnement et sarcasme. Certains médias européens la qualifient d’insolite, voire ridicule. La mesure nuit à l’image d’un pays qui est aussi reconnu pour son dynamisme industriel et sa place de leader mondial dans la production automobile par habitant. Certains observateurs estiment qu’elle entache la réputation d’un pays moderne.
Des difficultés pratiques d’application
Enfin, la mise en œuvre concrète de cette loi soulève des questions. Comment mesurer la vitesse d’un piéton ? Faut-il installer des radars sur les trottoirs ? Les policiers devront-ils chronométrer chaque passant ? Autant de scénarios qui alimentent le sentiment d’absurdité et laissent penser que la mesure pourrait rester symbolique, sans réelle efficacité, tout en suscitant le mécontentement.
