Une campagne mouvementée pour Rachida Dati
En pleine préparation pour les municipales de 2026 à Paris, Rachida Dati, très active sur le terrain, multiplie les visites dans différents quartiers. Elle publie régulièrement des vidéos sur ses réseaux sociaux pour dénoncer ce qu’elle qualifie de « zones de non-droit ». Cependant, une enquête approfondie de Mediapart met en lumière des irrégularités dans certaines de ces séquences.
Des images prises sans consentement
Selon l’enquête, plusieurs vidéos tournées dans des campements de sans-abri montrent des personnes vulnérables filmées sans leur accord. Plusieurs d’entre elles affirment avoir été piégées, exposées et utilisées à des fins politiques. Le 22 novembre, la ministre de la Culture s’est rendue dans deux campements du XVIIIe arrondissement et a publié une vidéo qui a été vue plus de 600 000 fois. Dans ce clip, elle dénonce notamment des violences, trafics, consommation de crack et campements sauvages, promettant que « tout va changer » avec son intervention.
Le problème réside dans le fait que de nombreux visages de sans-abri, d’exilés ou d’usagers de drogues apparaissent non floutés. Mediapart révèle que au moins trois personnes ont formellement indiqué avoir été filmées contre leur volonté. Ces individus envisagent désormais de poursuivre en justice.
Réactions et protestations des personnes filmées
Des travailleurs sociaux rapportent que plusieurs sans-abri ont découvert leur visage dans ces vidéos et en ont été très choqués. Certains expliquent qu’ils avaient clairement refusé d’être filmés, mais ont été enregistrés malgré tout. La situation est d’autant plus grave que plusieurs vivent dans la rue sans en avoir informé leur famille, ce qui peut leur causer de graves problèmes si leur identité est révélée.
Trois personnes ont envoyé des courriers officiels à la mairie de Paris pour protester. Dans l’un d’eux, daté du 3 décembre, elles expliquent qu’elles n’étaient pas d’accord pour être filmées, précisant qu’elles avaient simplement été enregistrées. Une autre victime affirme avoir clairement refusé la diffusion de son image. Tous réclament le retrait immédiat des vidéos. Ces personnes ont contacté l’association Barreau des rues pour engager des procédures judiciaires contre Rachida Dati. La candidate, quant à elle, aurait également eu des différends avec le journaliste Patrick Cohen.
Accusations de manipulation et méthodes contestées
Les associations actives auprès des exilés dénoncent aussi les méthodes employées. Utopia 56, notamment, accuse Rachida Dati de manipuler les faits. Son cofondateur, Yann Manzi, affirme que peu avant la publication d’une vidéo critique envers leur organisation, l’équipe de la candidate lui aurait demandé pourquoi certaines personnes n’avaient pas de tente. Il dénonce une prétendue volonté de faire passer leur action pour plus problématique qu’elle ne l’est réellement.
Le coordinateur parisien d’Utopia 56, Nathan Lequeux, va plus loin. Il affirme que Rachida Dati et son équipe « foncent en meute sur les personnes vulnérables » et qu’elles ouvrent des tentes sans leur consentement. Il compare ces méthodes à celles de l’extrême droite. Il précise également que l’hébergement d’urgence relève de l’État et du gouvernement, dont Rachida Dati fait partie.
Malgré de multiples sollicitations de Mediapart, ni la candidate ni son équipe n’ont répondu, et la vidéo incriminée reste accessible en ligne.
