Les travailleurs du sexe en France réagissent vivement à la proposition du Rassemblement national (RN) concernant la réouverture des maisons closes. Pour le RN, cette initiative viserait à offrir un lieu de travail sécurisé pour ces professionnels.
Une proposition surprenante
Le lundi 8 décembre, le député RN Jean-Philippe Tanguy a évoqué l’idée de rouvrir des maisons closes en France. Il a précisé qu’il proposerait leur réouverture, en mode coopératif, avec des prostituées elles-mêmes en gestion. Actuellement, la loi Marthe Richard, adoptée en 1946, interdit les établissements où la prostitution était tolérée et réglementée.
Le député a également suggéré de changer le nom « maison close » pour éviter une connotation négative. Son objectif est d’offrir aux travailleurs et travailleuses du sexe un endroit sécurisé, avec de bonnes conditions d’hygiène.
Une situation préoccupante
Selon l’Observatoire national des violences faites aux femmes, en 2024, 1 579 victimes de proxénétisme ou de recours délictueux à la prostitution ont été recensées. Parmi elles, 659 étaient des mineures.
Une opposition ferme
Pour plusieurs associations, cette proposition représente un retour en arrière. Le Mouvement du Nid, qui lutte contre la prostitution et les violences faites aux femmes, qualifie cette idée d’« aberration » en pleine période post-MeToo. Leur porte-parole dénonce un système « archaïque » où les hommes peuvent acheter le corps des femmes.
« Ouvrir et organiser des lieux où les hommes peuvent acheter le corps des femmes et payer pour des faveurs sexuelles » relève d’un système « archaïque », explique-t-elle.
Le Syndicat du travail sexuel en France (STRASS) partage cette position. Thierry Schaffauser, son porte-parole, affirme qu’ils sont totalement opposés à cette idée et que personne ne souhaite revenir à ce modèle.
De nombreuses autres associations de défense des travailleurs du sexe n’ont pas voulu répondre pour le moment, attendant de connaître le contenu précis de la proposition de loi du RN.
Une approche coopérative possible, mais problématique
Le STRASS se dit favorable à un « mode coopératif » selon la proposition de Tanguy. Il évoque la possibilité pour des travailleurs de s’organiser en colocation dans un appartement. Cependant, Thierry Schaffauser souligne le risque que cette organisation soit mal vue par la loi, notamment en ce qui concerne le proxénétisme.
« Il faut redéfinir le concept de proxénétisme plutôt que d’inventer un nouveau modèle ou d’en ressortir un ancien », indique-t-il. « On demande simplement de pouvoir travailler en intérieur et de pouvoir s’associer. »
Il regrette aussi que le monde du travail du sexe, qui existe depuis plus de 50 ans, reste souvent ignoré ou combattu par la société.
Une question politique et sociale
Pour le syndicat, cette proposition du RN soulève aussi une problématique politique. Thierry Schaffauser déplore que, malgré leur position d’opposants, ils trouvent un certain écho dans le discours du RN, alors que la gauche ne leur accorde pas d’attention.
