
Des bulletins de paie dÕun salariŽ en France.Pay slips of an employee in France. Fontainebleau, FRANCE - 31/03/2021//LOISONVINCENT_loison01280/2103311528/Credit:Vincent Loison/SIPA/2103311530
Mieux payer le travail sans gonfler la facture des entreprises : l’exécutif rouvre le dossier sensible du rapprochement entre salaire brut et salaire net. Objectif affiché : redonner du pouvoir d’achat aux actifs en allégeant certaines cotisations. Voici les pistes à l’étude et leurs effets possibles… très concrets… sur votre fiche de paie.
Aujourd’hui, en moyenne, 100 € versés par l’employeur deviennent 54 € nets sur le compte du salarié. C’était 60 € en 1990 et 69 € en 1970. En cause : la montée en puissance des cotisations sociales (maladie, retraite, CSG/CRDS…) destinées à financer notre modèle social. D’où l’idée, portée de longue date par Emmanuel Macron, « d’alléger ce qui pèse sur le travail ».
CSG-CRDS dans le viseur : combien de net en plus sur la fiche de paie ?
La piste la plus avancée consiste à réduire fortement, voire supprimer la CSG-CRDS sur les revenus d’activité. Pour rappel, la CSG (taux variable selon les revenus) et la CRDS (0,5 %) financent une partie de la protection sociale et s’appliquent aux salaires, pensions, revenus de remplacement…
- Selon l’U2P (artisans et commerçants), la majorité des actifs paient 9,7 % de CSG-CRDS. Supprimer ce prélèvement revaloriserait immédiatement le net (y compris pour fonctionnaires, indépendants, professions libérales, dirigeants).
- L’organisation patronale chiffre une hausse d’environ 22 % du net en cinq ans si l’on combine la mesure à la progression “tendancielle” des revenus.
Exemples (estimations U2P, à horizon 5 ans) :
- SMIC : de 1 426 € net/mois à 1 730 € net (+ 304 €/mois)
- Salaire net 2 780 € : à 3 381 € (+ 601 €/mois)
- Salaire net 3 375 € : à 4 104 € (+ 729 €/mois)
À ce stade, il s’agit d’hypothèses de travail. Le gouvernement n’a pas arbitré, ni calé de calendrier.
Qui paierait la note ? Les pistes de financement sur la table
Alléger le prélèvement sur les salaires suppose de trouver des recettes ailleurs. Plusieurs leviers sont évoqués (à combiner) :
- Capitaux et immobilier. L’U2P propose de relever de quelques points la “flat tax” (30 % aujourd’hui) sur revenus financiers et d’augmenter la CSG sur revenus fonciers, avec un plancher d’impôt pour les gros bailleurs.
- Retraites confortables. Gel 3 à 5 ans des pensions > 2 300 € nets et suppression de l’abattement de 10 % (remplacé par un montant fixe), piste déjà regardée par l’exécutif.
- Héritages importants. Instauration d’un plancher de droits (10–20 %) au-delà de 500 000 € par héritier.
- TVA sociale. Baisser les cotisations en compensant par une hausse modérée de la TVA “standard”, basculer davantage de produits au taux réduit, et majorer la TVA sur les biens de luxe.
Ces options ne feraient pas que des gagnants (retraités aisés, gros patrimoines, rentes financières seraient davantage mis à contribution). D’où un débat politique nourri. L’ex-Premier ministre Gabriel Attal plaide plutôt pour agir sur les cotisations vieillesse ou via des taxes ciblées, et estime qu’un choix d’une telle ampleur devrait être tranché dans les urnes (horizon 2027).