
Le Premier ministre a donné, en petit comité, ses premières pistes pour le budget 2026. Selon plusieurs participants à une réunion tenue lundi à Matignon avec les partis du « socle commun », Sébastien Lecornu entend porter des baisses d’impôts “notamment en faveur du travail”, tout en se disant ouvert à un débat sur la justice fiscale… à condition de ne pas “abîmer la croissance et l’emploi”. Reste à transformer ces intentions en arbitrages, puis à trouver une majorité pour les voter.
Baisse d’impôts « en faveur du travail » : quelles pistes et quelles lignes rouges ?
Autour de la table, les représentants de Renaissance, Horizons, MoDem, LR et UDI ont entendu un message en deux temps. D’un côté, des “propositions” de baisses d’impôts ciblées sur le travail sont promises – un signal envoyé aux salariés et aux entreprises, alors que la gauche réclame par exemple une baisse de CSG pour les revenus d’activité.
De l’autre, des lignes rouges : pas de taxe “Zucman” sur les très hauts patrimoines, pas de retour de l’ISF et pas de suspension de la réforme des retraites. « Certains impôts augmenteront, d’autres diminueront », a rappelé le chef du gouvernement, qui assume une approche “à somme nulle” sur l’ensemble du système, dans un contexte de finances publiques tendues.
Le tout est présenté comme « une base de départ » : les arbitrages ne sont pas finalisés et le Parlement aura la main sur nombre de dispositions au fil du débat budgétaire. Objectif politique, en creux : dégager une bienveillance socialiste pour éviter un blocage, sans fracturer la droite et le centre qui soutiennent l’exécutif.
Moins de dépenses, plus d’anti-fraude : l’autre pilier de la stratégie
Lecornu conditionne toute évolution fiscale à une baisse “réelle” des dépenses publiques. Plusieurs mesures d’exemplarité côté État seraient annoncées rapidement, tandis que des réformes de moyen et long terme sont évoquées : transformation de l’appareil d’État et nouvel acte de décentralisation pour clarifier qui fait quoi et à quel coût.
Sur le front des recettes, un projet de loi dédié à la lutte contre les fraudes fiscale et sociale doit être présenté en même temps que les projets de lois de finances (État) et de financement de la Sécurité sociale. L’exécutif y voit un levier “consensuel” pour sécuriser des milliards sans relever massivement les impôts, tout en répondant à une demande forte de “sécurité du quotidien” portée par la droite.
Le calibrage précis des baisses ciblées « en faveur du travail », les contre-financements, et la capacité de l’exécutif à coudre une majorité texte par texte. Entre équilibre politique et équation budgétaire, la copie 2026 s’écrira autant à Matignon… qu’au Palais-Bourbon.