
Depuis le début de l’année, de nombreux foyers découvrent dans leur boîte aux lettres une missive au ton sec : objet : “Contrôle du dispositif de comptage”. En clair, Enedis les informe qu’une “succession d’événements” laisse penser à une fraude au compteur, annonce la venue d’un technicien et prévient qu’un refus d’accès peut conduire à une coupure. Une démarche plus offensive du gestionnaire du réseau, sur fond d’explosion des fraudes depuis la crise énergétique de 2022. Mais des alertes d’associations de consommateurs pointent aussi des erreurs… et des clients mis en cause à tort.
Contrôles Enedis : pourquoi ces lettres de soupçon de fraude se multiplient
Enedis assume durcir la lutte anti-fraude : l’entreprise vise 30 000 contrôles en 2025, contre environ 12 000 en 2024, en ciblant les cas jugés « quasi certains » ou « probables ». Objectif affiché : repérer les manipulations de compteurs (pontages, inversions, aimants) ou consommations anormalement basses sans justification technique.
Problème : UFC-Que Choisir dit avoir été saisie cet été de dossiers “invraisemblables”. Exemple : un sexagénaire sommé de payer plus de 1 500 € alors que la faible consommation s’expliquait par un logement inoccupé pendant des mois. Autre cas : un couple facturé 1 359 € après une baisse de kilowattheures… due à l’installation de panneaux solaires. Dans ce dernier dossier, les excuses d’Enedis n’ont pas empêché un prélèvement relancé cinq mois plus tard.
Interrogé, Enedis reconnaît que des erreurs peuvent survenir mais assure qu’une part importante des procédures s’arrête après le contrôle sur place. Le Médiateur national de l’énergie constate, lui, davantage de saisines, tout en indiquant que la fraude est avérée dans la majorité des dossiers qui lui parviennent.
Mis(e) en cause à tort ? Les bons réflexes pour contester sans se piéger
- Ne signez pas à la légère le “bordereau rectificatif” joint à certains courriers : UFC-Que Choisir estime qu’il peut valoir reconnaissance des faits. Sans avis, abstenez-vous.
- Ouvrez l’accès au compteur le jour du rendez-vous : bloquer le technicien peut effectivement entraîner une coupure. Recevez-le et demandez un compte rendu écrit du contrôle (photos, relevés, observations).
- Rassemblez vos justificatifs : périodes d’inoccupation (baux, factures d’eau/gaz quasi nulles), mise en service d’un système photovoltaïque (attestation, contrat d’autoconsommation), changement d’appareils, travaux, déménagement, relevés manuels antérieurs, etc.
- Contestez par écrit en recommandé (LRAR) auprès d’Enedis en exposant les faits et en joignant vos preuves. Conservez copies et traces (accusés de réception, mails, photos du compteur).
- Demandez un second contrôle contradictoire si le premier vous semble incomplet (présence d’un huissier/électricien si besoin).
- Saisissez le Médiateur national de l’énergie (gratuit) en cas d’impasse après la réponse d’Enedis (ou absence de réponse sous deux mois).
- Surveillez vos prélèvements : si un débit intervient malgré la contestation, signalez-le immédiatement à votre banque et à Enedis, preuve à l’appui.
À retenir
- Recevoir ce courrier ne fait pas de vous un fraudeur. La présomption d’innocence s’applique, et Enedis doit étayer ses soupçons.
- Coopérez au contrôle mais exigez la transparence : relevés datés, photos, description précise des “événements caractéristiques”.
- En cas d’erreur, la contestation argumentée (pièces à l’appui) et le recours au Médiateur permettent le plus souvent de faire corriger la situation.
Si vous avez installé récemment des panneaux solaires, fait poser un compteur Linky, ou si votre logement est resté vide une partie de l’année, signalez-le proactivement au technicien et joignez les preuves à votre courrier de réponse. Cela évite bien des quiproquos… et des facturations indues.