
PARIS, FRANCE - JANUARY 29: Minister to the Minister of Cohesion of the Territories Sébastien Lecornu leaves the Elysee Presidential Palace after a weekly cabinet meeting at Elysee Palace on January 29, 2020 in Paris, France. (Photo by Antoine Gyori/Corbis via Getty Images)
Le message est passé aussi bien aux syndicats qu’au patronat : reçu à Matignon, Sébastien Lecornu a reconnu travailler sans filet parlementaire. « Je ne suis pas Édouard Philippe, je n’ai pas 350 députés derrière moi », a-t-il glissé à ses interlocuteurs, selon plusieurs participants. Une franchise saluée pour le réalisme… mais qui n’a pas dissipé les inquiétudes. Faute d’engagements clairs, l’intersyndicale annonce déjà une nouvelle journée de mobilisation le 2 octobre.
Sans majorité à l’Assemblée, Lecornu admet des « marges étroites »
Deux semaines après son arrivée à Matignon, le chef du gouvernement a martelé qu’il dirige sans majorité depuis la dissolution de 2024. À l’issue de l’entretien, la numéro un de la CGT, Sophie Binet, a dit y voir « une prise de conscience », tout en regrettant l’absence de réponses concrètes : impossible, selon le Premier ministre, de préempter ce que le Parlement adoptera pour le budget 2026.
Même tonalité chez Murielle Guilbert (Solidaires), qui y voit la reconnaissance d’une « situation politique extrêmement tendue ». « Je n’y arriverai pas sans vous », aurait plaidé Sébastien Lecornu, demandant du temps. En face, les syndicats réclament la copie initiale : que reste-t-il du projet Bayrou ? Qu’est-ce qui est écarté ? Sans ces clarifications, préviennent-ils, la défiance prospère.
Budget 2026 et mobilisation sociale : ce que demandent syndicats et patronat
Sur le fond, les organisations veulent savoir où le curseur budgétaire sera placé : retraites, minima sociaux, assurance-chômage, barème de l’impôt 2026… autant de sujets restés flous. De leur côté, les employeurs entendent la contrainte politique : « Ne vous adressez pas à moi comme à Édouard Philippe », a reconnu le Premier ministre, selon Patrick Martin (Medef), qui dit « comprendre » l’impossibilité d’être catégorique à ce stade.
Reste que le calendrier social s’accélère. Faute de « réponses claires », l’intersyndicale a confirmé un appel à la rue le 2 octobre. Pour Sébastien Lecornu, reconnu lui-même comme « le Premier ministre le plus faible de la Ve République », l’équation est posée : trouver des majorités d’idées et des compromis rapides, sous peine de voir la rue reprendre la main sur le débat budgétaire.