
Politique — vote de confiance : prise de parole de Sarkozy lors d’un déplacement, alors que le débat sur la confiance et l’hypothèse d’une dissolution agite la scène française.
L’ex-président français Nicolas Sarkozy a été condamné à cinq ans d’emprisonnement par le tribunal correctionnel de Paris pour complot criminel dans le volet dit « libyen » du financement de sa campagne 2007. Il a en revanche été relaxé des chefs de corruption passive et de financement illégal de campagne. Le jugement prévoit l’exécution immédiate de la peine, malgré l’intention d’appel annoncée par la défense. L’ancien chef de l’État a également écopé d’une amende de 100 000 €.
À la sortie d’audience, Nicolas Sarkozy, 70 ans, a dénoncé une décision « extrêmement grave pour l’État de droit », assurant : « S’ils veulent absolument que je dorme en prison, je dormirai en prison, mais la tête haute ».
Ce que les juges ont retenu – et ce qu’ils ont écarté
Au terme d’une enquête ouverte en 2013, le tribunal a estimé que Nicolas Sarkozy avait autorisé ses proches à entrer en contact avec des responsables libyens pour solliciter un soutien financier à sa campagne présidentielle de 2007, à l’époque du régime de Mouammar Kadhafi.
Pour autant, les magistrats ont jugé les preuves insuffisantes pour établir que la campagne de 2007 ait effectivement été financée illégalement. D’où la relaxe sur ce point ainsi que sur la corruption passive.
Le ministère public soutenait que le candidat de l’époque aurait promis d’aider Tripoli à améliorer son image internationale en contrepartie de fonds. La décision prononcée jeudi retient le complot criminel, mais écarte les autres qualifications pénales.
Un dossier tentaculaire, des suites en cascade
L’affaire a pris de l’ampleur après des accusations publiques, en 2011, de Saïf al-Islam Kadhafi, puis les déclarations de l’homme d’affaires Ziad Takieddine évoquant jusqu’à 50 millions d’euros de versements. D’autres protagonistes étaient jugés : l’ex-ministre de l’Intérieur Claude Guéant a été reconnu coupable notamment de corruption, tandis que Brice Hortefeux a été condamné pour complot criminel.
Parallèlement, Carla Bruni-Sarkozy a été mise en examen en 2024 pour des faits liés à la subornation de témoins (qualification contestée par l’intéressée) dans ce dossier. Elle bénéficie de la présomption d’innocence.
Cette condamnation s’ajoute aux déboires judiciaires de l’ancien président : en 2021, il a été reconnu coupable de corruption et trafic d’influence (peine aménagée sous bracelet électronique), et en 2024, il a fait appel de sa condamnation dans l’affaire des dépenses excessives de la campagne 2012 (« Bygmalion »).
Prochaine étape : l’appel annoncé par Nicolas Sarkozy, qui entend obtenir l’infirme du jugement. D’ici là, la décision du tribunal, assortie d’une exécution immédiate, marque une nouvelle rupture politique et judiciaire pour celui qui dirigea la France de 2007 à 2012.