
La France vient d’essuyer une deuxième sanction en une semaine. Après Fitch, Morningstar DBRS rétrograde à son tour la note souveraine de l’Hexagone, de AA+ à AA, avec perspective stable. En cause : une trajectoire d’assainissement budgétaire jugée trop lente et un paysage politique fragmenté depuis les législatives de 2024, qui complique l’adoption de mesures « décisives ». À l’inverse, Italie, Espagne et Portugal voient leur profil de crédit s’améliorer.
DBRS abaisse la note française : déficits élevés et blocage politique au cœur du diagnostic
Dans son communiqué, DBRS pointe des « risques élevés » de non-atteinte des objectifs budgétaires à moyen terme. Rappel : le déficit public français s’est établi à 5,8 % du PIB en 2024, le plus élevé de la zone euro, et devrait rester élevé en 2025. Pour viser 4,6 % en 2026, l’ajustement requis est qualifié de « significatif ».
L’agence incrimine aussi l’instabilité gouvernementale et l’absence de consensus parlementaire, qui « entravent » la capacité d’action budgétaire. Ce diagnostic fait écho à celui de Fitch une semaine plus tôt.
Pendant ce temps, Rome, Madrid et Lisbonne gagnent du terrain : l’écart se resserre avec Paris
Le contraste est net : S&P a relevé l’Espagne (de A à A+), Fitch a hissé le Portugal (de A- à A) et vient d’améliorer l’Italie (de BBB à BBB+) en saluant une trajectoire budgétaire plus crédible et un environnement politique jugé plus stable.
L’Italie, longtemps étiquetée « homme malade de l’Europe », a divisé son déficit par deux en un an (3,4 % du PIB en 2024) et abaissé son ratio de dette d’environ 20 points en quatre ans (à 135 % du PIB, encore au-dessus de la France à 114 %). Résultat côté marchés : Rome emprunte désormais à 10 ans à des conditions proches de Paris (≈3,56 %).
Comme le résume Mabrouk Chetouane (Natixis IM) : ce que regardent les marchés, « c’est la dynamique » plus que le seul niveau de dette/PIB – et l’Italie montre qu’elle sait réduire son endettement, là où la France peine à enclencher le mouvement depuis le Covid.
La préparation du budget 2026 sera décisive pour crédibiliser la trajectoire française et, à défaut de majorité claire, trouver des compromis capables de convaincre agences… et investisseurs.