
Alors que l’exécutif cherche près de 44 milliards d’euros d’économies pour boucler le budget 2026, une idée revient dans le débat : regrouper plusieurs aides sociales en une allocation unique, dont le montant serait plafonné à 70 % du Smic. La proposition, déjà évoquée l’automne dernier, refait surface à l’heure où Sébastien Lecornu tente de bâtir des compromis pour éviter une nouvelle impasse parlementaire.
Allocation unique à 70 % du Smic : de quoi parle-t-on exactement ?
Le principe serait de fusionner plusieurs prestations aujourd’hui versées aux ménages modestes en un seul versement mensuel, avec un plafond équivalent à 70 % du Smic.
Selon ses promoteurs à droite (LR), les aides vieillesse et handicap resteraient hors périmètre. En revanche, le RSA, certaines allocations versées par les CAF et les MSA, et – dans certaines versions – des revenus de remplacement comme l’allocation chômage pourraient être intégrés au dispositif.
L’objectif affiché : simplifier le système, limiter les effets de seuil et maîtriser la dépense sociale.
Politiquement, l’idée circule depuis plusieurs mois. Michel Barnier l’avait mise sur la table à l’automne, Laurent Wauquiez l’a reprise début d’année, et elle est ressortie ces derniers jours, indiquent Les Échos. Elle se retrouve en concurrence avec d’autres pistes, comme la taxe “Zucman” sur les très hauts patrimoines défendue par la gauche.
Combien d’économies… et pour qui ? Les chiffres qui fâchent
Côté économies potentielles, la fondation IFRAP (think tank classé à droite) avance jusqu’à 34 milliards d’euros d’allégements pour les finances publiques si l’allocation unique était mise en place et strictement plafonnée.
Mais l’impact social suscite de fortes réserves. D’après France Stratégie, plus de 3,5 millions de familles modestes verraient leurs ressources diminuer avec un tel plafonnement, compte tenu de la diversité des situations aujourd’hui couvertes par des aides spécifiques.
En toile de fond, le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu doit à la fois composer une équipe, ouvrir des discussions avec les groupes d’opposition et trouver une majorité de circonstance pour faire voter la loi de finances 2026. Dans ce jeu d’équilibriste, l’« allocation unique » demeure une option parmi d’autres – à préciser, chiffrer et négocier – tant ses arbitrages techniques (périmètre exact, exceptions, transition) et ses conséquences sociales sont sensibles.
Si le gouvernement choisit d’inscrire cette piste dans son projet de budget, il devra définir précisément les prestations fusionnées, les garde-fous (familles, jeunes, chômeurs en fin de droits, travailleurs pauvres) et le calendrier de mise en œuvre. Autant de paramètres qui diront si la promesse de simplification peut coexister avec la protection des ménages les plus fragiles.