
« J’ai reçu un e-mail et j’ai perdu 120 000 € ». Le témoignage est brutal, mais il illustre une fraude en plein essor : le “cloning”, ou l’usurpation de l’image d’institutions et de personnalités pour donner un vernis de crédibilité à de faux placements.
Selon La République des Pyrénées, des victimes sont appâtées via des publicités en ligne, puis aiguillées vers des groupes sur Telegram ou WhatsApp où de prétendus « conseillers » orchestrent la suite. Des deepfakes exploitant des figures publiques (journalistes, artistes, humoristes) servent parfois d’hameçon. Un cabinet d’avocats cité par le quotidien évoque un préjudice moyen d’environ 120 000 € par dossier. L’Autorité des marchés financiers (AMF) accélère, de son côté, l’inscription de sites douteux sur sa liste noire.
Arnaque au cloning : du clic à la perte, un scénario bien rôdé
Le mécanisme est désormais connu. Tout part d’un message sponsorisé ou d’une vidéo virale qui promet des rendements élevés « sans risque ». En un clic, l’internaute est redirigé vers un canal de messagerie où l’attend un “expert” très disponible, très convaincant… et parfaitement fictif.
La réassurance se fait à coups d’éléments copiant l’identité visuelle d’organismes officiels, de témoignages inventés, et parfois de vidéos manipulées mettant en scène des personnalités qui n’ont évidemment rien à voir avec ces démarches.
Peu à peu, la cible est amenée à effectuer un premier virement, puis un second, puis à « consolider son investissement ». Les plateformes affichent des “gains” pour pousser à remettre au pot, avant que l’accès ne se bloque et que les fonds ne disparaissent.
Ce clonage d’image ne touche pas que l’épargne : des escrocs se font passer pour des courtiers (sites copiés, logos détournés) pour collecter pièces d’identité, bulletins de salaire ou acomptes sur de prétendus crédits. Là encore, l’illusion d’un accompagnement professionnel sert d’appât.
Se protéger : les bons réflexes avant d’investir… et quoi faire en cas de doute
Avant toute mise de fonds, gardez trois réflexes simples :
1) Vérifier l’interlocuteur et le site. Recherchez l’immatriculation (ORIAS pour les intermédiaires), comparez le nom de domaine avec les sites officiels, contactez vous-même l’organisation supposée via ses coordonnées publiques – jamais via le lien reçu.
2) Contrôler la “promesse”. Rendement élevé, absence de risque et urgence sont incompatibles avec un placement sérieux. Méfiez-vous des groupes WhatsApp/Telegram qui “conseillent” d’investir.
3) Consulter les listes de l’AMF. La liste noire des sites et entités non autorisés, ainsi que le registre des acteurs agréés, sont des garde-fous utiles. En cas de doute, n’envoyez aucun argent.
Si vous avez cliqué, transmis des documents ou réalisé un virement : coupez le contact, prévenez immédiatement votre banque (opposition, tentative de rappel des fonds), déposez plainte et signalez la fraude sur la plateforme cybermalveillance.gouv.fr et auprès de l’AMF. Conservez toutes les preuves (captures d’écran, adresses, échanges).