
Le gouvernement sortant a laissé un texte qui pourrait changer la donne pour des milliers d’étudiants. Dans une version de travail du projet de loi de finances 2026, préparée sous François Bayrou, l’exécutif envisage de restreindre l’accès aux aides personnelles au logement (APL, ALF, ALS) pour deux publics : les étudiants étrangers, et les étudiants rattachés aux 20 % de foyers fiscaux les plus riches. Objectif affiché : environ 300 millions d’euros d’économies sur un budget APL de 15,6 milliards en 2023.
Cette piste arrive au moment où la rentrée universitaire pèse lourd : 3 227 € en moyenne par étudiant, dont 581 € de loyer, selon la FAGE.
Qui serait concerné par la réforme des APL en 2026 ?
Dans l’hypothèse évoquée, deux catégories perdraient l’accès aux aides logement :
- Les étudiants étrangers, très présents dans le parc CROUS mais aussi chez les bailleurs sociaux.
- Les étudiants rattachés aux 20 % de foyers fiscaux les plus aisés. À titre indicatif, l’Insee place ce seuil autour de 3 119 € nets mensuels pour une personne seule et 4 679 € pour un couple (hors enfants).
Le scénario rappelle un précédent : en 2016, les APL avaient été coupées pour les étudiants rattachés à des parents redevables de l’ISF. Après la transformation de l’ISF en IFI (beaucoup moins de redevables : ~133 000 contre ~358 000 pour l’ISF la veille de sa disparition), la portée de la mesure s’était réduite. D’où, aujourd’hui, l’idée de rehausser le critère vers les déciles 9 et 10 de revenus.
Côté bailleurs, l’Union sociale pour l’habitat rappelle qu’un peu moins de la moitié des bénéficiaires des APL vivent dans le parc social, l’autre moitié dans le parc privé. L’exclusion potentielle des étudiants étrangers est jugée particulièrement problématique pour les CROUS et les organismes HLM, qui logent une part croissante de publics internationaux.
APL : économies attendues, zones d’ombre et calendrier politique
Pour Bercy, resserrer les critères d’accès aiderait à tenir la trajectoire budgétaire, tout en ciblant davantage les aides vers les ménages modestes. Reste que la réforme soulève plusieurs questions :
- Impact social : dans les métropoles étudiantes tendues, une sortie des APL pourrait rendre certains logements inabordables sans solutions alternatives.
- Effets d’aubaine inversés : risque de report vers des colocations sur-occupées ou de désaffiliation fiscale (dé-rattachement des étudiants à leurs parents) pour préserver l’aide.
- Mise en œuvre : articulation avec les bourses, les résidences CROUS, et le calendrier d’attribution des logements étudiants.
À ce stade, il ne s’agit pas d’une décision actée, mais d’une piste budgétaire qui devra être arbitrée puis votée dans le cadre du PLF 2026. Les prochains échanges entre gouvernement, majorité et opposition diront si le recentrage des APL sur critères de nationalité et de niveau de revenus franchit l’étape parlementaire – ou s’il est amendé, voire abandonné, au profit d’un ciblage différent.