
La Banque de France se montre un peu plus optimiste pour 2025 et assume une ligne claire sur les finances publiques. Dans un entretien publié lundi, son gouverneur François Villeroy de Galhau soutient l’idée de mesures anti-optimisation fiscale visant les très hauts patrimoines, tout en révisant à la hausse la prévision de croissance pour l’an prochain, désormais attendue à 0,7 % (contre 0,6 % précédemment).
Cette prise de position intervient trois jours après la dégradation de la note de la dette française par Fitch, dans un contexte politique chahuté. Le gouverneur plaide pour un « effort partagé » afin de ramener le déficit public sous 3 % du PIB d’ici 2029 : trois quarts par la maîtrise des dépenses (État, collectivités, Sécurité sociale) et jusqu’à un quart via des mesures fiscales ciblées et temporaires, en épargnant classes moyennes et PME.
Finances publiques : viser l’« équité » sans pénaliser classes moyennes et PME (SEO : déficit public, mesures fiscales hauts patrimoines)
« On ne peut plus attendre », prévient François Villeroy de Galhau, qui déplore les querelles politiciennes. Sans endosser un impôt « magique », il juge **« justifiées » des mesures anti-optimisation sur les plus hauts patrimoines pour que l’effort de redressement soit perçu comme équitable.
Interrogé sur la taxe dite “Zucman” (impôt minimal sur les très grandes fortunes) souhaitée par une partie de la gauche et évoquée dans les discussions engagées par Sébastien Lecornu, il reste prudent : l’arsenal fiscal doit rester ciblé, exceptionnel et temporaire, sans fragiliser l’investissement ni l’emploi. Le « canevas » budgétaire présenté en juillet par l’ex-Premier ministre François Bayrou peut, selon lui, être amélioré.
Côté trajectoire, la Banque de France estime encore possible de réduire le déficit à 5,4 % du PIB en 2025 (après 5,8 % en 2024). L’objectif de 4,6 % reste incertain, les arbitrages budgétaires à venir pouvant alléger l’effort de 44 milliards d’euros initialement envisagé, sans garantie d’un surcroît de croissance.
Conjoncture : +0,7 % en 2025, rebond des exportations, mais vents contraires en 2026-2027 (SEO : croissance 2025, prévisions Banque de France)
Après +1,1 % en 2024, l’activité ralentirait mais résisterait en 2025 : la Banque de France relève sa prévision à 0,7 %. Le dynamisme du premier semestre (variations de stocks) devrait laisser place à un déstockage puis à un rebond des exportations dès le troisième trimestre.
La suite s’annonce plus molle qu’anticipé : la croissance est abaissée à 0,9 % en 2026 et 1,1 % en 2027 (-0,1 point chacune), sous l’effet combiné d’un euro plus fort, d’une demande externe moins porteuse et d’un pétrole plus cher. À l’instabilité politique intérieure, susceptible de nourrir l’attentisme des ménages et des entreprises, s’ajoute donc un environnement international moins favorable.
En bref : cap sur une consolidation budgétaire “juste” et ciblée, sans casser la reprise. La fenêtre est étroite : dépenser mieux, réformer là où c’est efficace, et éviter les signaux qui pèsent sur la confiance et l’investissement.