
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu réagit à la fin de la cérémonie de passation des pouvoirs à l'hôtel Matignon à Paris/Photo prise le 10 septembre 2025/LUDOVIC MARIN/Pool via REUTERS
Sébastien Lecornu a tranché : la suppression de deux jours fériés, mesure-phare et hautement impopulaire défendue par François Bayrou, ne figurera pas dans le projet de budget 2026. Dans un entretien à la presse régionale samedi 13 septembre, le nouveau Premier ministre dit vouloir « épargner ceux qui travaillent », tout en prévenant qu’il faudra trouver d’autres recettes pour combler les plus de 4 milliards d’euros que cette piste devait rapporter.
Budget 2026 : renoncement aux jours fériés, mais des économies à retrouver
Quatre jours après sa nomination, le chef du gouvernement de 39 ans assume une « rupture » de méthode : boucler le budget par la concertation avec les partenaires sociaux et les groupes parlementaires, plutôt que par des mesures choc. Pas de retour, en revanche, au « conclave » retraites (syndicats/patronat), option qu’il écarte.
Ce renoncement ouvre un vide budgétaire : il faudra remplacer les économies attendues sans casser la dynamique sociale. Lecornu promet un calendrier d’échanges soutenus et annonce, dès la semaine prochaine, une concertation sur un « grand acte de décentralisation » (clarification des compétences, libertés locales), avec à la clé des rationalisations possibles – y compris la fusion ou la fermeture d’agences.
Négociations à gauche, 49.3 en réserve et « justice fiscale » sous conditions
Pour faire adopter la loi de finances à l’Assemblée, Lecornu tend la main au PS, aux Écologistes et au PCF, qu’il qualifie de « gauche républicaine » appelée à s’émanciper de LFI. Pas d’accord politique avec le RN, dit-il, mais dialogue en séance avec tous les députés, « élus par un tiers des Français ».
Sur la fiscalité, le Premier ministre se dit prêt à regarder des pistes de “justice fiscale”, tout en mettant en garde contre les effets d’une taxe sur les très hauts patrimoines (dite « Zucman ») sur le patrimoine professionnel, « qui finance l’emploi et la croissance ». Le Medef a déjà haussé le ton, promettant une mobilisation patronale si les impôts des entreprises augmentent.
Lecornu préférerait éviter le 49.3, mais ne s’en privera pas pour garantir un budget : « La France doit avoir une loi de finances », résume-t-il.
Dans l’opposition, Manuel Bompard (LFI) juge les annonces insuffisantes « au regard de la colère sociale ». La CGT salue au contraire « une première victoire » avec l’abandon des jours fériés. À droite, Bruno Retailleau (LR) met en garde contre les « remèdes » de la gauche, au lendemain de la dégradation de la note de la dette française par Fitch.
Issu de la droite, fidèle d’Emmanuel Macron – qu’il a rejoint en 2017 –, ancien ministre des Armées, maire, président de département puis sénateur de l’Eure, Sébastien Lecornu mise désormais sur un art du compromis : rassembler une majorité de circonstance autour d’un budget « tenable », sans fracturer davantage le pays. Reste à boucler l’équation financière… sans toucher aux jours fériés.