
Journal officiel : là où paraissent les décrets et ordonnances qui s’appliquent à tous. Credit : Adobe Stock
Derniers coups de stylo avant de partir. Dans les heures ayant précédé la démission du gouvernement de François Bayrou, plusieurs décrets clés sur le logement ont été publiés. Au programme : retour encadré de MaPrimeRénov’, reclassement de communes en « zones tendues » et ajustement du calcul du DPE. Des mesures qui pèseront sur des millions de ménages, bien au-delà du changement de Premier ministre.
MaPrimeRénov’ 2025-2026 : plafonds abaissés, dossiers limités, deux gestes exclus
Suspendue en grande partie cet été face à l’afflux de demandes et aux fraudes, MaPrimeRénov’ rouvre le 30 septembre… mais avec des règles resserrées.
- Rénovations globales : réservées aux logements les plus énergivores (DPE E, F ou G). Le plafond de dépenses subventionnables servant de base au calcul des aides est ramené à 30 000 € pour un gain de deux classes (contre 70 000 € auparavant) et à 40 000 € pour trois classes. Le bonus “sortie de passoire” disparaît. S’ajoute un quota de 13 000 dossiers seulement d’ici au 31 décembre, alors que l’Anah traitait encore 61 000 demandes en stock cet été.
- Monogestes : deux opérations sortent du dispositif : les chaudières biomasse et l’isolation des murs par l’extérieur. Les autres gestes unitaires sont prolongés jusqu’à fin 2026, sauf revirement du prochain gouvernement.
Traduction concrète : les ménages devront cibler des travaux plus performants… avec des enveloppes publiques plus basses et des files d’attente plus encadrées.
Zonage et DPE : plus de communes en « tendues », et un calcul de l’électricité revu
Autre décret paru le 5 septembre : plus de 200 communes basculent en zone tendue (notamment Saint-Malo, Dieppe, Dunkerque). Ce reclassement change la donne :
- pour les acheteurs : le PTZ dépend étroitement du zonage (revenu fiscal maximal pour une personne seule allant d’environ 28 500 € en zone C à 49 000 € en zone A),
- pour les locataires : préavis réduit à un mois en location nue, contre trois mois en zone « détendue ».
Côté performance énergétique, un arrêté de fin août modifie le DPE : au 1ᵉʳ janvier 2026, le coefficient de conversion de l’électricité passe de 2,3 à 1,9. Effet mécanique annoncé par le gouvernement : environ 850 000 logements quitteraient la catégorie “passoire thermique” sans travaux. De quoi soulager certains propriétaires… mais aussi priver des locataires d’un levier pour exiger des rénovations, alertent des acteurs de la filière.
Entre MaPrimeRénov’ recentrée, zonage élargi et DPE ajusté, la politique du logement a été redessinée dans l’urgence de fin de mandat. Les propriétaires et locataires doivent désormais vérifier leur classe DPE, le zonage de leur commune et la nouvelle éligibilité de leurs travaux avant de s’engager.