
Nomination express, carnet d’adresses fourni et parcours éclair : depuis son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu intrigue. Derrière l’ex-ministre des Armées se dessine un personnage plus complexe qu’un simple « technicien ». Voici ce que l’on sait – et ce qu’on sait moins – du plus jeune chef du gouvernement depuis Gabriel Attal.
Jeunesse, foi et ascension éclair : ce qui a façonné Lecornu
Avant la politique, il y eut une tentation… monastique. À 20 ans, Sébastien Lecornu envisage un temps la vie religieuse. Deux décennies plus tard, il conserve ce fil spirituel : chaque année, il s’accorde une retraite d’une semaine dans un monastère bénédictin, confient ses proches. Officier de réserve de gendarmerie, issu d’une famille marquée par la Résistance, le nouveau Premier ministre revendique une discipline personnelle solide.
Côté carrière, la précocité est la marque de fabrique. Assistant parlementaire à 19 ans, plus jeune conseiller d’un cabinet ministériel en 2008, il prend en 2015 la tête du département de l’Eure, devenant le plus jeune président de conseil départemental. À 39 ans, il grimpe aujourd’hui sur le podium des plus jeunes chefs de gouvernement de la Ve République : derrière Gabriel Attal (34 ans) et Laurent Fabius (37 ans), et devant Jacques Chirac (41 ans). « Je suis né vieux », aime-t-il plaisanter ; les dates, elles, disent l’inverse.
Réseaux, surnoms et fidélités : l’entourage qui compte
À l’Élysée, on le décrit volontiers comme un « fidèle » qui ne rechigne pas aux conciliabules nocturnes. Dans la galaxie macroniste, il s’est imposé comme l’un des piliers des réunions restreintes où se tranchent les arbitrages politiques sensibles. Une proximité assumée avec Emmanuel Macron, que confirment plusieurs témoins des dernières séquences gouvernementales.
Son parcours à droite lui a laissé des traces… et quelques piques : Nicolas Sarkozy l’aurait un temps affublé du sobriquet « Lecornichon », à une époque où le jeune élu de l’Eure se faisait encore un prénom. Autre relation structurante : Gérald Darmanin. Les deux hommes se connaissent depuis l’UMP des années 2000 ; Lecornu fut témoin du mariage du ministre de la Justice et parrain d’un de ses enfants, signe d’une confiance durable.
Loin des ors de la République, le nouveau locataire de Matignon est décrit comme un « bon vivant » : passionné de cuisine, amateur de jardinage, il s’affiche souvent avec sa chienne Tiga, un braque hongrois. Une touche personnelle qui dit quelque chose de son style : rigoureux dans le fond, plus simple dans la forme.
Entre une jeunesse façonnée par la discipline, un itinéraire politique fulgurant et des fidélités solidement ancrées, Sébastien Lecornu arrive à Matignon avec un mélange de verticalité et de réseaux. Les premières semaines diront si cette mosaïque biographique peut se transformer en majorité politique.