
À quelques heures d’un vote annoncé défavorable, François Bayrou a livré un ultime plaidoyer depuis la tribune de l’Assemblée nationale. Le Premier ministre a défendu son choix d’affronter la confiance et mis en garde contre une dérive de la dette qu’il juge « vitale » pour le pays.
Dette et dépenses publiques : « on finance la vie courante à crédit »
Pendant près de quarante minutes, François Bayrou a expliqué pourquoi il avait choisi de solliciter la confiance des députés avant l’examen du budget 2026. Selon lui, ne rien faire serait « le plus grand risque ». Il a rappelé son plan d’économies d’environ 45 milliards d’euros – dont la très contestée suppression de deux jours fériés – rejeté par l’opposition de la gauche au RN.
Le chef du gouvernement a décrit une France « surendettée », parlant d’un « pronostic vital engagé » : les dépenses ordinaires (services publics, retraites, santé) seraient trop souvent financées à crédit. « Notre pays croit s’enrichir et s’appauvrit chaque année un peu plus », a-t-il résumé, accusant une forme « d’addiction » à la dépense publique. Message aux bancs opposés : « Vous avez le pouvoir de renverser le gouvernement, pas d’effacer le réel. »
Le Premier ministre a insisté sur la dimension générationnelle de l’endettement : les jeunes, dit-il, porteront « pendant vingt ou trente ans » le poids des dettes contractées par leurs aînés, au point d’avoir « rompu le contrat de confiance entre générations ».
Fiscalité des plus riches et « taxe Zucman » : le refus de Bayrou
Répondant aux propositions de la gauche, François Bayrou a critiqué l’idée d’un impôt plancher de 2 % sur les très grands patrimoines (la « taxe Zucman »), qu’il juge à la fois inefficace et juridiquement contestable. Selon lui, frapper les ultra-riches « comme des poupées vaudou » provoquerait une réaction « simple et immédiate » : l’exil fiscal. Il a défendu la contribution actuelle du 1 % le plus imposé au financement de l’économie et de l’investissement privé, tout en affirmant que la trajectoire de redressement devait d’abord passer par la maîtrise de la dépense.
le locataire de Matignon a lancé un appel au compromis : sans un « soutien minimal » entre les principales forces politiques sur le constat et la trajectoire de redressement, « l’action du gouvernement serait vouée à l’échec ». Un message livré juste avant un vote de confiance à haut risque, susceptible de conduire à sa démission et d’ouvrir une nouvelle phase politique.