
François Bayrou a choisi de jouer la carte du vote de confiance à l’Assemblée nationale, ce lundi 8 septembre. Dans un hémicycle fragmenté, le pari est périlleux et la démission du Premier ministre est évoquée en cas de revers. Emmanuel Macron devra alors trancher : nommer un nouveau chef de gouvernement… ou dissoudre à nouveau. Tour d’horizon des scénarios et des profils qui circulent.
Bloc central ou ouverture contrôlée : les profils testés par l’Élysée
Premier chemin, le plus attendu : rester dans le camp présidentiel. Des noms reviennent avec insistance – Sébastien Lecornu, Catherine Vautrin, Gérald Darmanin – chacun avec ses atouts et ses angles morts. Avantage : la continuité politique. Inconvénient majeur : un tel choix nourrirait l’accusation de déni de démocratie et ne garantirait pas de votes supplémentaires sur le budget 2026.
Autre hypothèse, une ouverture maîtrisée vers le centre gauche, avec un profil capable de « parler socialistes » et de négocier des compromis budgétaires. C’est l’argument avancé autour d’Éric Lombard, dont les prises de position laissent entrevoir des compromis ciblés avec une partie de la gauche, sans renier la trajectoire d’économies. Reste que l’opposition prévient : sans inflexions nettes, « les mêmes causes produiront les mêmes effets » au moment du vote budgétaire.
À droite, un ticket plus assumé (type Bruno Retailleau) viserait un accord de circonstance, mais se heurterait aux lignes rouges des macronistes et au veto annoncé du RN contre certaines figures (Xavier Bertrand, notamment).
Option à gauche, gouvernement « technique » ou… dissolution : les autres pistes
Emmanuel Macron peut aussi tendre la main à la gauche. Olivier Faure s’est dit « disponible » pour une solution de compromis ; Raphaël Glucksmann plaide pour une personnalité de gauche sans appétit présidentiel et rompue aux compromis parlementaires ; des noms comme Lucie Castets ou Bernard Cazeneuve sont cités. Obstacles : des désaccords de fond (fiscalité, dépenses sociales) et la crainte, côté Élysée, d’un changement de cap trop marqué.
Face au blocage, revient la tentation d’un gouvernement “technique” – profil type Pierre Moscovici – chargé de passer un budget à temps. Problème : même « technique », un cabinet doit rassembler une majorité sur des mesures concrètes, ce qui ramène à la même équation politique.
Dernière carte : la dissolution. Défendue par certains en cas d’impasse durable, elle demeure à haut risque. Le pari serait de rebattre les cartes ; l’alternative, redoutée à l’Élysée, serait d’installer le pays dans un statu quo à trois blocs… ou d’ouvrir la voie à une victoire du RN et à une cohabitation. Dans tous les cas, le 8 septembre fera office de bascule : soit un cap se dessine autour d’un Premier ministre de compromis, soit la France replonge dans une séquence électorale aux issues incertaines.