
Politique — vote de confiance : prise de parole de Sarkozy lors d’un déplacement, alors que le débat sur la confiance et l’hypothèse d’une dissolution agite la scène française.
Nicolas Sarkozy met la pression sur l’exécutif. Dans un entretien accordé au Figaro ce mardi, l’ancien président estime que la décision de François Bayrou de solliciter un vote de confiance le 8 septembre relève d’« une forme de suicide politique ». Et il se dit « persuadé » qu’Emmanuel Macron « n’aura pas d’autre solution que la dissolution » de l’Assemblée nationale dans la foulée. Une prise de position qui ravive le spectre d’un nouveau scrutin anticipé, un an après les législatives de 2024.
Vote de confiance du 8 septembre : une « drôle d’idée » et un pari à haut risque
Pour Nicolas Sarkozy, la méthode choisie par François Bayrou pose problème. « Quelle drôle d’idée que de demander la confiance aux formations politiques avant même de discuter avec elles ! », tacle l’ancien chef de l’État, qui voit dans cette démarche un pari perdant. Le Premier ministre a pourtant fixé le cap : présenter sa feuille de route budgétaire, défendre ses priorités, et mesurer le soutien des groupes – ou leur hostilité – dans un hémicycle fragmenté.
La critique de Nicolas Sarkozy s’inscrit dans une lecture plus large de la séquence politique. « Il serait curieux d’avoir choisi de dissoudre hier quand rien ne l’exigeait, et de s’y refuser aujourd’hui quand la décision s’impose », argue-t-il, en référence à la dissolution de 2024. À ses yeux, une clarification par les urnes « d’ici quelques semaines » serait devenue inévitable si le gouvernement échoue à rassembler une majorité relative, a minima, pour franchir l’épreuve du 8 septembre.
Dissolution en ligne de mire : dilemme stratégique chez Les Républicains
Cette hypothèse place Les Républicains face à une équation délicate. Nicolas Sarkozy alerte sur « un sérieux risque de confusion » pour le parti présidé par Bruno Retailleau, désormais ministre de l’Intérieur. Comment mener campagne sans être perçu comme l’allié d’un exécutif auquel on aurait accordé la confiance ? « Participer à un gouvernement de coalition est une chose ; voter la confiance a priori en est une autre », prévient l’ancien président, réaffirmant son soutien à Bruno Retailleau tout en pointant le danger d’un « blanc-seing » mal compris par l’électorat.
Reçus à Matignon, les LR ont posé leurs conditions. Bruno Retailleau a appelé à retirer du budget « un certain nombre de mesures qui heurtent les Français ». Et il a tenu à recadrer l’enjeu du vote : « Sur cette question de confiance, il ne faut pas se tromper sur le sens du vote : ce n’est pas pour ou contre le Premier ministre. La question, c’est de savoir si la dette astronomique qui pèse sur les épaules des Français est une menace ou pas. » Dans le même registre, le secrétaire général Othman Nasrou a plaidé sur BFMTV pour « ne pas contribuer au désordre » et refusé de « mêler [ses] voix à la gauche, l’extrême gauche et au Rassemblement national ».
À quelques jours du vote, la scène politique avance donc sur une ligne de crête. François Bayrou cherche une majorité de projet, Nicolas Sarkozy annonce déjà l’issue – la dissolution – et la droite parlementaire tente d’éviter l’image d’une caution sans renoncer à peser sur le budget. Si la confiance est accordée, l’exécutif gagnera un répit fragile. Si elle est refusée, le pays pourrait repartir aux urnes, avec une campagne éclair et des alliances à recomposer. Dans tous les cas, le 8 septembre s’annonce comme un test décisif pour l’équilibre des forces à l’Assemblée.