
France's Prime Minister Francois Bayrou poses ahead of an interview on the evening news broadcast of French TV channel TF1, in Boulogne-Billancourt, outside Paris, on August 27, 2025. Prime Minister Francois Bayrou said he would request the confidence vote in a bitterly divided parliament on September 8, as he tries to garner enough support for his plan to slash spending. But the main opposition parties said they would not back the prime minister's plan, with the far right urging Frecnh President to call new parliamentary elections and the hard left saying the president himself must go. (Photo by Xavier GALIANA / AFP)
À quelques jours du vote de confiance du 8 septembre, François Bayrou se dit « tout sauf défaitiste ». Invité de RMC-BFMTV ce mercredi, le Premier ministre a défendu une nouvelle fois son projet de budget et assumé une stratégie qu’il présente comme une mise au point avec le pays. « La France est dans une situation d’affaiblissement incroyable », a-t-il martelé, pointant une dette qu’il compare à une « hémorragie ». Présentées mi-juillet, ses orientations prévoient 43,8 milliards d’effort à trouver, avec notamment l’« année blanche fiscale » et un gel de certaines prestations. Mais c’est bien la suppression de deux jours fériés sans compensation qui cristallise l’opposition, de la gauche au Rassemblement national, en passant par des élus LR.
Jours fériés et budget 2026 : Bayrou ouvre la porte à une alternative chiffrée
Reçus mardi à Matignon, les dirigeants de Les Républicains ont laissé entendre que le chef du gouvernement se dit prêt à revoir la mesure la plus impopulaire du paquet budgétaire. François Bayrou le confirme : la suppression de deux jours fériés représente « environ 10 % de l’effort » et pourrait être abandonnée « si une solution équivalente à 4 milliards d’euros est trouvée ». L’équation reste politique autant que comptable. Le Premier ministre défend l’idée d’un partage de l’effort « lisible » et « honnête » pour éviter, dit-il, que la charge ne pèse toujours sur les mêmes. En creux, il adresse un message aux partenaires potentiels : toute proposition alternative devra tenir la route financièrement et être soutenable socialement.
Dans un hémicycle fragmenté, la séquence est à haut risque. Le gouvernement cherche une majorité de projet autour du redressement des comptes, tandis que l’opposition dénonce une « austérité déguisée ». Le rappel du contexte financier, avec des taux longs revenus à des niveaux inédits depuis 2011, sert de toile de fond au plaidoyer de Matignon : « Si vous êtes représentant du peuple, demandez-vous où est l’intérêt national », insiste François Bayrou.
AME durcie et menace de dissolution : Bayrou tend la main, mais fixe des lignes rouges
Autre front sensible, celui de l’aide médicale d’État (AME). Selon des informations confirmées de source gouvernementale, deux projets de décrets ont été transmis pour avis à la Cnam afin de resserrer les conditions d’accès et de réduire la liste des soins remboursables. Sur l’antenne de RMC-BFMTV, François Bayrou assume « une mesure de bon sens » au moment où il demande des efforts aux Français. Il admet avoir évoqué le sujet avec le Rassemblement national, tout en rappelant la finalité de l’AME : garantir un accès minimal aux soins pour les personnes en situation irrégulière.
Sur le terrain des alliances, le Premier ministre dit « tendre la main à toutes les forces politiques » et multiplie les rencontres, de Place publique au RN. Le PS, qui plaide pour un Premier ministre de gauche, demeure un pivot incertain. Bayrou juge « possible » que les socialistes ne votent pas contre lui, tout en interrogeant la majorité d’appui qu’une telle hypothèse supposerait. « Est-il cohérent d’abattre le gouvernement pour ensuite demander son soutien ? », glisse-t-il, pointant une manœuvre « risquée ».
Reste l’ombre portée de la dissolution. Si le 8 septembre tourne court, le chef du gouvernement devra présenter la démission de son équipe, moins d’un an après avoir succédé à Michel Barnier. Le RN réclame déjà un retour aux urnes. Bayrou n’exclut pas le risque, mais dit ne pas croire qu’une nouvelle dissolution apporterait « plus de clarté ». D’ici là, l’exécutif joue serré : sauver le vote, amender le budget sans renier sa trajectoire, et trouver un compromis sur les jours fériés et l’AME qui tienne politiquement… autant que dans les comptes.