
diversité d’opinions : des mains brandissent des bulles de dialogue de couleurs vives, image générique liée aux résultats de sondages Credit : Shutterstock
Le Rassemblement national, allié aux partisans d’Éric Ciotti, recueillerait 31 % des intentions de vote au premier tour. La gauche reculerait, le bloc central décrocherait, et le « front républicain » semblerait moins solide qu’en 2024.
Le Rassemblement national (RN) aborderait d’éventuelles législatives anticipées en position de force. Dans une enquête Elabe réalisée pour BFMTV et La Tribune Dimanche, publiée après l’annonce d’un vote de confiance à l’Assemblée prévu le 8 septembre, le RN et ses alliés autour d’Éric Ciotti sont donnés à 31 % au premier tour. C’est un niveau très élevé, légèrement en-dessous des 33 % mesurés lors des législatives de juin 2024, mais suffisant pour creuser l’écart avec le reste du paysage politique.
Du côté de la gauche, l’étude distingue deux scénarios. Unie, elle totaliserait 23,5 % des suffrages, contre 28 % en juin 2024. Dispersée, une alliance PS-écologistes-communistes atteindrait 16,5 % quand La France insoumise plafonnerait à 10 %. Les listes « divers gauche » se situeraient entre 5 et 6,5 %. À l’extrême droite, Reconquête obtiendrait 5 %.
Le centre présidentiel paierait la note la plus salée. Le bloc Ensemble (Renaissance, MoDem, Horizons) tomberait à 14 %, soit près de sept points de moins qu’en 2024. Les Républicains, eux, seraient mesurés à 10,5 %.
Au second tour, le RN pourrait profiter d’un « front républicain » moins puissant qu’il y a un an. Selon Elabe, 57 % des personnes interrogées rejettent ce réflexe de barrage – dont 31 % des électeurs d’Ensemble et 19 % des sympathisants du Nouveau Front populaire. Or, en 2024, ce front avait coûté au RN « plusieurs dizaines » de sièges au deuxième tour. Si cette digue s’effrite, la dynamique d’entre-deux-tours en serait mécaniquement modifiée, notamment dans les triangulaires et face-à-face serrés.
L’institut prend toutefois des précautions d’usage. La mesure repose sur des intentions de vote établies à partir d’une « offre politique homogène » dans toutes les circonscriptions – une hypothèse qui simplifie la réalité du terrain. En 2024, Ensemble n’avait présenté des candidats que dans environ 80 % des circonscriptions, LR dans 60 %, et Reconquête était peu présent. Ces différences d’implantation pèsent toujours dans l’issue locale des duels et triangulaires.
Méthodologie : enquête en ligne réalisée du 28 au 29 août auprès d’un échantillon de 1 678 personnes, dont 1 563 inscrites sur les listes électorales. Comme tout sondage, ces résultats offrent une photographie à l’instant T, à interpréter à la lumière de la campagne qui s’ouvrirait réellement, des investitures finales et des reports de voix entre les tours.
En clair, si des législatives anticipées étaient déclenchées aujourd’hui, le RN partirait devant, la gauche se retrouverait face à un dilemme d’union ou de dispersion, et le centre présidentiel chercherait un second souffle. La question, désormais, serait moins de savoir qui vire en tête au soir du premier tour que d’anticiper la mécanique des duels de second tour dans un paysage où le réflexe de barrage semble s’émousser.