
French Prime Minister Francois Bayrou speaks during a session of questions to the Prime Minister at the National Assembly in Paris, on December 17, 2024. (Photo by STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
François Bayrou assure avoir réfléchi à un autre levier pour redresser les comptes publics : faire passer la durée légale du travail de 35 à 36 heures hebdomadaires. Invité de BFMTV dimanche 31 août, le Premier ministre a expliqué avoir renoncé à cette option avant de proposer la suppression de deux jours fériés – le 8-Mai et le lundi de Pâques – pour contribuer à l’effort d’économies prévu dans le budget 2026.
Temps de travail : pourquoi l’option des 36 heures a été abandonnée
« J’avais envisagé, par exemple, qu’on passe de 35 à 36 heures de travail par semaine, mais je ne l’ai pas fait », a déclaré François Bayrou. Il avance deux raisons. D’abord, l’ampleur des réactions suscitées par une telle réforme. Ensuite, un argument technique : le seuil des 35 heures déclenche aujourd’hui le paiement des heures supplémentaires. Toucher à ce repère changerait la mécanique de rémunération du “surcroît de travail”, un sujet que le chef du gouvernement dit vouloir traiter au plus près du terrain. « Je veux que le travail paie plus », affirme-t-il, en soulignant que des aménagements peuvent être négociés « dans chaque entreprise ». À ses yeux, relever la durée légale n’est « pas une mesure comme les autres » et suppose un consensus social difficile à réunir à court terme.
Jours fériés et finances publiques : 4,2 milliards au cœur du débat
S’il a renoncé à l’hypothèse des 36 heures, François Bayrou continue de défendre la piste de la suppression de deux jours fériés. Il la qualifie de « mesure tout à fait discutable », mais la juge nécessaire au regard de l’équation budgétaire. Selon ses projections, l’abandon du 8-Mai et du lundi de Pâques rapporterait environ 4,2 milliards d’euros. Une contribution inscrite dans un objectif plus large : près de 44 milliards d’économies à trouver pour le projet de loi de finances 2026. « Je suis ouvert à la discussion, à la condition impérative qu’on considère qu’on ne peut pas ne rien faire », insiste le Premier ministre, appelant les partenaires sociaux et politiques à se prononcer sur les différentes options sur la table.
Au-delà des chiffres, l’exécutif se heurte à un double défi : préserver le pouvoir d’achat en garantissant que « le travail paie plus », et sécuriser des recettes ou des économies pérennes sans casser la dynamique économique. Qu’il s’agisse d’un éventuel ajustement du temps de travail ou de jours fériés supprimés, le gouvernement sait que le moindre mouvement touche à des symboles forts et à des équilibres finement négociés dans les entreprises. Le débat est lancé. Reste à voir quelle solution – ou quel compromis plutôt- émergera pour concilier redressement des finances publiques et acceptabilité sociale.