
Le vent tourne du côté de l’assurance chômage. Le ministère du Travail vient d’annoncer son intention de durcir les conditions d’accès aux allocations : il pourrait bientôt falloir avoir travaillé huit mois sur les 20 derniers, contre six mois sur 24 actuellement. Derrière ce changement, une volonté affichée de mieux cibler l’indemnisation… mais aussi le risque de laisser de côté des milliers de travailleurs précaires.
Concrètement, qu’est-ce qui pourrait changer ?
Aujourd’hui, pour bénéficier de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE), il faut :
- Avoir travaillé au moins six mois sur les deux dernières années (ou sur les deux ans et demi pour les plus de 53 ans).
Demain, si la proposition du gouvernement va jusqu’au bout :
- Il faudra justifier huit mois d’activité salariée sur les 20 derniers mois.
Le tout, alors même que de nombreux jeunes ou travailleurs enchaînent petits contrats et périodes creuses.
Qui risque de perdre au change ?
Les premiers touchés par cette réforme, si elle voit le jour, seraient principalement :
- Les jeunes actifs, souvent à l’enchaînement de CDD ou de missions d’intérim, avec des périodes sans emploi entre deux contrats.
- Les hommes en début de carrière : ce sont eux qui alternent le plus entre petits boulots précaires, missions courtes et parfois des activités non salariées.
- Les travailleurs indépendants : même si une aide chômage existe pour eux (ATEI), elle reste très difficile à obtenir et peu protectrice.
Résultat ? De plus en plus de jeunes risqueraient de se retrouver sans filet, incapables de cumuler assez de mois d’activité pour ouvrir leurs droits à l’allocation chômage. Et pour ceux qui y parviendraient, la somme versée reste souvent modeste, car calculée sur des salaires bas.
Un projet encore en discussion… mais qui inquiète déjà
Rien n’est acté pour l’instant. La mesure, évoquée à plusieurs reprises ces derniers mois, doit faire l’objet de négociations avec les partenaires sociaux jusqu’à la mi-novembre.
Du côté du ministère du Travail, on affirme vouloir protéger les publics les plus fragiles, notamment les jeunes et les seniors, en maintenant un régime dérogatoire pour ces profils vulnérables. Mais les partenaires sociaux, eux, craignent que la réforme ne fragilise encore davantage les primo-demandeurs d’emploi.