
Un pays en manque de repos
Les Français dorment de moins en moins. En cinquante ans, la durée moyenne de sommeil a fondu d’1h30, selon la dernière feuille de route présentée par le ministre de la Santé Yannick Neuder. Aujourd’hui, un adulte français ne dort que sept heures par nuit, loin des recommandations, et un sur cinq tombe même sous la barre des six heures.
La tendance est encore plus inquiétante chez les jeunes : 30 % des enfants et 70 % des adolescents dorment moins que nécessaire, un chiffre qui alarme les professionnels de santé. En cause : les écrans omniprésents, le stress, le rythme de vie effréné et l’impact durable de la crise sanitaire.
La sieste, une piste sérieuse pour la santé publique
Face à ce constat, le gouvernement avance une idée longtemps jugée farfelue : favoriser la sieste, y compris au travail. « Je suis très favorable à la sieste, que ce soit à l’école ou en entreprise », assume Yannick Neuder. Sans rendre la sieste obligatoire, il invite les entreprises à aménager des espaces de repos, comme certaines le font déjà, pour permettre aux salariés de s’octroyer de courtes pauses réparatrices.
« On ne va pas imposer des mesures irréalisables à tout le monde, mais dans le cadre du bien-être au travail et de la responsabilité sociétale, beaucoup d’entreprises y réfléchissent déjà », insiste-t-il. L’idée n’est donc pas de révolutionner brutalement les pratiques, mais d’encourager les employeurs à suivre le mouvement.
Des enjeux de santé majeurs
Pourquoi cet engagement sur le sommeil ? Parce que les conséquences du manque de repos sont lourdes. Troubles de l’humeur, baisse de la concentration, maladies cardiovasculaires et même troubles mentaux : la liste des effets secondaires s’allonge, et la société tout entière en paie le prix.
Le ministère compte s’attaquer au problème à plusieurs niveaux. D’abord, en renforçant la sensibilisation grand public, via des campagnes sur mangerbouger.fr ou l’application Jardin Mental. Ensuite, en outillant mieux les professionnels de l’enfance et du travail pour repérer les troubles du sommeil et conseiller efficacement.
Vers une nouvelle culture du repos ?
Alors, la France est-elle prête à changer son rapport à la sieste ? Si la pratique a longtemps été vue comme un luxe, voire une faiblesse, elle pourrait bientôt s’imposer comme un outil de santé publique. Les entreprises qui aménagent des salles de repos ne sont plus des exceptions : elles montrent la voie vers une culture où bien-être et efficacité ne s’opposent plus.
Une chose est sûre : retrouver un bon sommeil, c’est miser sur une France en meilleure santé. Et si tout commençait par s’accorder… dix minutes de sieste ?