
Un duo inattendu sur le banc des accusés
Le monde politique et industriel français s’apprête à vivre un procès sous haute tension. Ce mardi 22 juillet, la nouvelle est tombée : Rachida Dati, actuelle ministre de la Culture et figure de poids du gouvernement Bayrou, ainsi que Carlos Ghosn, ex-patron star de Renault-Nissan, devront comparaître devant le tribunal correctionnel. En cause : des soupçons de corruption et de trafic d’influence, dans une affaire aux multiples rebondissements, scrutée de près par l’opinion et le microcosme politique.
Une affaire aux ramifications européennes
Rachida Dati, aujourd’hui âgée de 59 ans, devra répondre de faits lourds de conséquences : « recel d’abus de pouvoir », « corruption passive » et « trafic d’influence » alors qu’elle était députée européenne. Les juges la soupçonnent d’avoir touché près de 900 000 euros entre 2010 et 2012, via un contrat de conseil signé avec la filiale néerlandaise RNBV de Renault-Nissan. Problème : selon l’accusation, ces prestations n’auraient pas été réellement effectuées. Et pour les enquêteurs, ce contrat aurait pu servir à masquer une activité de lobbying auprès du Parlement européen, pratique interdite pour tout élu.
Dès l’annonce du renvoi en correctionnelle, la défense de Rachida Dati s’est organisée : l’un de ses avocats, Olivier Pardo, a indiqué vouloir faire appel de cette décision. L’ex-garde des Sceaux n’a cessé de clamer son innocence et considère une partie des faits comme prescrits. Mais jusqu’ici, la justice n’a pas suivi ses arguments.
Carlos Ghosn, l’ombre du géant de l’automobile
L’ancien dirigeant de Renault-Nissan, aujourd’hui âgé de 71 ans, est également rattrapé par la justice française, alors qu’il reste un fugitif au Liban, hors d’atteinte des tribunaux européens et japonais. Déjà visé par un mandat d’arrêt international depuis l’an dernier, Carlos Ghosn sera jugé pour des faits d’abus de pouvoir, de corruption active et de trafic d’influence dans cette même affaire. Pour mémoire, il avait fui le Japon en 2019 dans des conditions dignes d’un film d’espionnage, laissant derrière lui de lourdes accusations de malversations financières.
Un calendrier politique et judiciaire sous tension
L’agenda du procès promet de peser dans les débats politiques à venir. Une première audience dite de « fixation » aura lieu le 29 septembre prochain, afin d’organiser la suite du dossier et fixer une date pour le procès. Selon les premières informations, celui-ci pourrait même être reporté… après les municipales de 2026. Un timing qui n’échappera à personne, surtout alors que Rachida Dati reste une potentielle candidate en lice pour la mairie de Paris.
Renault, partie civile, observe de près
Dans cette affaire, Renault s’est constituée partie civile. Le groupe automobile suit de près l’évolution du dossier, bien décidé à faire valoir ses droits en cas de préjudice avéré. Pendant ce temps, Carlos Ghosn, triple national (français, libanais, brésilien), continue de nier en bloc toutes les accusations.
Rendez-vous donc en septembre pour la suite de ce feuilleton politico-judiciaire, où se mêlent argent, pouvoir et influence, sur fond de grandes manœuvres à Paris et à Beyrouth.