
Pourquoi l’argent s’accumule sur les livrets en France ?
Ce n’est pas un secret : les Français n’ont jamais été aussi prudents avec leur argent. D’après les derniers chiffres de l’Insee, le taux d’épargne des ménages a atteint 18,8 % au premier trimestre 2025, du jamais-vu depuis la fin des années 1970 (hors Covid). Les comptes d’épargne font le plein, pendant que la consommation patine. Mais pourquoi une telle frilosité ?
Entre peur de l’avenir et attrait des livrets
Pour comprendre ce phénomène, il faut regarder du côté du contexte économique :
- Les livrets et autres produits d’épargne ont longtemps affiché des taux intéressants, ce qui a poussé de nombreux Français à laisser dormir leur argent plutôt qu’à le dépenser.
- Les retraités, dont les pensions ont été revalorisées, ont préféré mettre ce petit plus de côté, « au cas où ».
- Enfin, le climat d’incertitude – inflation, tensions internationales, avenir du pays incertain – incite à la prudence. « Les ménages sont en mode attente, ils veulent se protéger », analyse François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France.
Le gouvernement voudrait voir les Français consommer davantage
Si Bercy regarde ces chiffres avec une certaine angoisse, c’est parce que l’économie française repose en grande partie sur la consommation des ménages. Or, plus l’épargne grimpe, plus la croissance ralentit. Certains à Bercy espéraient qu’en baissant le taux du Livret A – qui passera de 2,4 % à 1,7 % en août – les Français seraient tentés de sortir leur portefeuille. Mais du côté du ministère de l’Économie, on s’en défend : « C’est surtout la baisse de l’inflation qui redonnera du pouvoir d’achat, pas la rémunération des livrets », insiste-t-on.
Investir plutôt qu’épargner ?
Dans ce contexte, le gouvernement rêve que cette montagne d’argent serve à financer l’économie réelle. Comment ? En incitant les ménages à investir dans l’assurance-vie, la Bourse, le capital-investissement ou des produits labellisés « Finance Europe » censés soutenir les entreprises françaises et européennes. Les banques et compagnies d’assurances sont sur la même ligne : pour eux, il est temps de réorienter l’épargne.
Consommer ou investir, le débat continue
Problème : relancer la consommation risque aussi de gonfler les importations, donc de creuser le déficit commercial. Certains économistes estiment qu’il serait plus judicieux de miser sur l’investissement, « histoire de créer de la vraie richesse », résume un banquier. Mais convaincre les Français de lâcher leur bas de laine, c’est une autre paire de manches…
Alors, 2025 sera-t-elle l’année où les Français dépenseront à nouveau ? Ou continueront-ils de privilégier la sécurité au détriment de la croissance ? L’avenir le dira, mais une chose est sûre : l’épargne reste la grande star du moment.