Baisse historique du taux du Livret A : Ce qui va changer dès le 1er août

Le Livret A s’apprête à perdre de sa superbe

Dès le 1er août, le taux du Livret A risque fort de décevoir les épargnants. Selon plusieurs spécialistes de l’épargne, il pourrait tomber autour de 1,7 %, bien loin des 2,4 % actuels. Une décision qui devrait être confirmée mercredi par la Banque de France et le ministre de l’Economie.

Pour de nombreux Français, cette baisse inédite depuis plus de dix ans sonne comme une douche froide, alors que plus de 600 milliards d’euros dorment aujourd’hui sur les Livrets A et LDDS (Livret de développement durable et solidaire).

Pourquoi une telle chute ?

Le taux du Livret A n’est pas fixé au hasard : il est recalculé deux fois par an en fonction de deux critères :

L’inflation moyenne sur six mois (hors tabac)
Les taux d’intérêt interbancaires, qui suivent la politique monétaire européenne

Or, ces deux indicateurs sont à la baisse depuis le début de l’année, poussant mécaniquement le taux du Livret A vers le bas.

À quoi s’attendre ?

D’après les projections de Philippe Crevel (Cercle de l’épargne) et Éric Dor (IESEG), le taux pourrait donc passer à 1,7 %. Un chiffre qui reste, certes, légèrement supérieur à l’inflation du mois de juin (1 % sur un an selon l’Insee), mais qui confirme la tendance au resserrement.

Qui gagne, qui perd ?

Les épargnants, qui voyaient le Livret A comme un placement sûr, vont devoir revoir leurs attentes à la baisse.
Les acteurs du logement social et les banques, eux, se réjouissent : ils empruntent ou prêtent au taux du Livret A, et paieront donc moins d’intérêts.

Un enjeu politique et social

Le taux du Livret A a souvent été utilisé comme un outil politique : dérogations, coups de pouce ou gels n’ont pas manqué ces dernières années, souvent au détriment des petits épargnants.

Mais une question reste en suspens : le gouvernement et la Banque de France accorderont-ils une attention particulière au Livret d’épargne populaire (LEP), destiné aux foyers modestes ? Selon la règle de calcul, son taux pourrait tomber à 2,2 %, contre 3,5 % actuellement. Affaire à suivre.

Où va l’argent du Livret A ?

Vous vous demandez où file tout cet argent ? Il est en partie confié à la Caisse des dépôts et consignations (CDC), qui en fait le moteur du logement social et de la politique de la ville. L’autre partie, gérée par les banques, alimente les crédits aux PME et TPE.

Depuis peu, la CDC finance aussi la transition écologique et pourrait être sollicitée pour la relance du nucléaire, tout en maintenant le financement du logement social. C’est du moins ce qu’a promis son directeur, Olivier Sichel, sur franceinfo.

Des investissements parfois critiqués

La CDC a récemment été pointée du doigt pour l’opacité de certains placements, notamment dans le secteur pétrolier. La direction se défend, assurant que l’exposition aux énergies fossiles reste très limitée (moins de 5 milliards d’euros).