
Dans les jardins du ministère des Armées, Emmanuel Macron a frappé fort. À la veille du 14 juillet, il a parlé vrai, sans détour, aux militaires, à la classe politique… et aux Français, qui l’écoutent chaque année à cette occasion.
Un discours sous pression, un budget sous tension
On sentait que cette allocution ne serait pas une simple formalité. « Jamais depuis 1945 la liberté n’avait été si menacée », a lancé Emmanuel Macron, droit dans ses bottes, devant l’état-major. Le ton est grave, la situation l’est tout autant. Guerre en Ukraine, incertitudes sur le soutien des États-Unis, désordre international : le président n’a rien caché du contexte. L’Europe, selon lui, est « à la lisière d’un vaste arc de crises », menacée à l’Est par Moscou, secouée à l’Ouest par le doute américain.
Des milliards en plus, malgré la crise
Et dans ce climat ? La France ne fait pas marche arrière. Le chef de l’État l’a martelé : le budget des armées va continuer d’augmenter. Après une décennie d’efforts – de 32 milliards d’euros en 2017 à plus de 50 milliards aujourd’hui –, Macron prévoit d’ajouter encore 3,5 milliards en 2026, puis 3 de plus en 2027. À l’arrivée, on frôlera les 64 milliards d’euros. Une évolution historique, pour coller à « un monde plus brutal », mais qui devra, promet le président, être financée sans creuser davantage la dette : « L’indépendance militaire, c’est aussi l’indépendance financière. » Le message est passé à Bercy.
La Russie, toujours au cœur des inquiétudes
Sans surprise, le président a longuement évoqué la menace russe, « préparée, organisée, durable », qu’il faut pouvoir affronter. Pas question, donc, de relâcher la pression sur le stock de munitions, la cybersécurité, les armes de précision, les drones ou la défense spatiale. La France veut garder l’avantage, « car demain, au même rythme, nous serions dépassés ».
La dissuasion nucléaire, carte maîtresse de la France
Macron l’a rappelé : la dissuasion nucléaire française est aussi celle de l’Europe. Il a mandaté son ministre des Armées pour engager la discussion avec les partenaires européens. D’ici la fin de l’année, il détaillera sa vision d’une dissuasion « à l’échelle du continent ».
Et la jeunesse dans tout ça ?
Le président n’a pas oublié la jeune génération. Il veut lui redonner « le goût de servir », en imaginant un service militaire volontaire modernisé. Détails attendus à l’automne, mais l’idée est claire : renforcer le lien armée-nation, dans un contexte où la cohésion est jugée aussi essentielle que la technologie.
L’essentiel à retenir : dans une France inquiète, Emmanuel Macron assume une ligne dure, sans tabou sur l’argent ni sur l’effort à fournir. Il prend date : c’est au Parlement que se jouera, dès l’automne, l’avenir du budget de la Défense.