
Un passage en force inattendu pour la ministre de la Culture
Coup de théâtre ce vendredi matin au Sénat. Alors que le débat sur la réforme de l’audiovisuel public s’enlisait depuis la veille, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a surpris tout le monde en dégainant l’arme constitutionnelle du « vote bloqué ». Résultat : les sénateurs ont dû se prononcer d’un coup sur l’ensemble du texte, sans pouvoir poursuivre leur marathon d’amendements et de prises de parole. Une méthode musclée rarement utilisée, qui n’avait plus servi au Sénat depuis la très houleuse réforme des retraites.
La gauche dénonce un passage en force
Depuis jeudi, socialistes, écologistes et communistes multipliaient les interventions et rappels au règlement pour retarder l’adoption de la loi. Mais la manœuvre de Rachida Dati a mis fin aux débats et laissé la gauche sénatoriale furieuse. « C’est du jamais vu ! » s’est indigné Patrick Kanner, le patron des socialistes au Sénat. Plusieurs élus ont quitté l’hémicycle en guise de protestation, laissant la droite et les centristes adopter la réforme avec une large majorité : 194 voix pour, 113 contre.
Ce que prévoit la réforme Dati de l’audiovisuel public
Le texte, déjà rejeté à l’Assemblée il y a quelques semaines, veut créer une grande holding publique regroupant Radio France, France Télévisions et l’INA. Objectif officiel : moderniser, rationaliser et rendre plus efficace la gestion de l’audiovisuel public, dans un contexte de bouleversements du secteur et de concurrence accrue avec les plateformes privées.
Un parcours parlementaire mouvementé
Difficile de faire plus chaotique : depuis quatre ans, cette réforme a tout connu : pandémie, dissolution de l’Assemblée, tensions en commission, rejet pur et simple par la gauche et le Rassemblement national lors de la précédente navette… À chaque étape, le texte semblait enterré, avant de ressurgir.
Mais cette fois, Rachida Dati n’a pas laissé passer sa chance. Sa ténacité a permis à la réforme d’être adoptée juste avant la coupure estivale. Et selon ses soutiens, elle ne compte pas s’arrêter là : la prochaine bataille se jouera à l’Assemblée nationale, peut-être dès la rentrée de septembre.
Prochaine étape : convaincre le Palais Bourbon
La suite est déjà dans toutes les têtes. Si la majorité présidentielle, la droite et le Rassemblement national trouvent un terrain d’entente, le texte pourrait passer sans trop d’encombre lors d’une nouvelle lecture à l’Assemblée. Mais rien n’est encore joué. Une source gouvernementale confie : « Si le RN obtient une petite concession, il votera pour, et le texte pourra alors être adopté avec les voix de la droite et de tous les macronistes. »
Une réforme qui divise, mais qui avance
Ce vote au Sénat n’a rien réglé sur le fond : la gauche continue de dénoncer un passage en force et s’inquiète pour l’indépendance de l’audiovisuel public, tandis que la ministre assume une méthode « légitime face à l’obstruction ». Pour l’instant, Rachida Dati a remporté une manche, mais la bataille politique autour de l’avenir des médias publics ne fait que commencer.