
Entre Russie, Moyen-Orient et cyber-attaques, la France sur tous les fronts
C’est une prise de parole rare et très attendue. Le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées, n’était pas intervenu publiquement depuis presque trois ans. Ce vendredi 11 juillet, il a décidé de sortir du silence pour dresser un tableau sans fard des menaces qui pèsent sur la France, sur fond de crises mondiales qui s’enchaînent.
La multiplication des crises : « Plus de retour en arrière possible »
L’ambiance n’est pas franchement à l’optimisme. Pour Thierry Burkhard, la France doit se préparer à un monde où les conflits se multiplient et s’entremêlent. « Les crises s’additionnent, les repères changent », résume-t-il. Impossible, selon lui, de retrouver la stabilité d’avant. « Des étapes ont été franchies, il n’y a pas de retour en arrière visible », tranche-t-il.
Dans ce contexte, la France ne peut pas exclure d’être directement visée. « Nos adversaires savent que notre cohésion nationale fait notre force. Ils ont tout intérêt à la fragiliser », avertit-il.
La Russie place la France en ligne de mire
Le général ne mâche pas ses mots : « La Russie a désigné la France comme son premier adversaire en Europe. » Selon lui, Moscou mène une « guerre hybride » redoutable, s’appuyant sur tous les moyens – militaires, nucléaires, informationnels. Objectif du Kremlin ? Démanteler l’Otan, et placer l’Europe face à une véritable défaite si l’Ukraine devait tomber.
Mais Burkhard veut rassurer : pas question d’agiter le spectre d’une invasion russe en France. « Il ne faut pas faire peur aux Français », nuance-t-il. Cela n’empêche pas la Russie de multiplier les provocations, que ce soit avec ses sous-marins croisant dans l’Atlantique ou ses avions militaires rôdant jusqu’à la Méditerranée.
Moyen-Orient : un « déchaînement de violences » et la menace iranienne
Autre sujet d’inquiétude, la situation explosive au Moyen-Orient. Depuis octobre, le général évoque un « déchaînement de violences », notamment avec la multiplication des prises d’otages par l’Iran et la relance de son programme nucléaire. Un contexte qui accroît les risques pour la France et ses ressortissants.
La désinformation made in China
Thierry Burkhard a aussi pointé du doigt Pékin, accusé d’avoir mené une campagne de désinformation contre l’avion Rafale après un incident dans le sous-continent indien. Selon le chef d’état-major, la Chine chercherait à discréditer l’industrie française de l’armement, preuve que la bataille se joue aussi sur le terrain numérique.
Afrique : la France ajuste sa stratégie
Enfin, le général est revenu sur le retrait progressif des bases militaires françaises en Afrique de l’Ouest. Une décision lourde, prise sur fond d’instabilité croissante sur le continent. « L’Afrique a besoin de la France, mais il faut construire une nouvelle relation, plus équilibrée », insiste-t-il. Les discussions en cours devraient aboutir à un nouveau modèle de partenariat d’ici la fin de l’été.
Des moyens renforcés pour l’armée française
Malgré les inquiétudes, Thierry Burkhard se félicite de la progression du budget des armées : passé de 32 à 47 milliards d’euros en moins de dix ans. « La France n’est pas aveugle aux enjeux géopolitiques. Cet effort budgétaire, c’est aussi le reflet de la vigilance nationale », conclut-il.