
Le patronat veut simplifier et réduire le coût des indemnités journalières, quitte à bousculer les habitudes des salariés.
6,5 milliards d’euros à trouver : le Medef sort la calculette
L’annonce est tombée mercredi 9 juillet. Alors que le gouvernement prépare un plan de redressement budgétaire pour la Sécu, le Medef, principal syndicat patronal français, a dévoilé sa propre recette pour réaliser… 6,5 milliards d’euros d’économies dès 2026 ! Au cœur de leurs propositions : revoir, en profondeur, la façon dont sont calculées les indemnités journalières (IJ) en cas d’arrêt maladie.
Le forfait pour tous : la fin des indemnités proportionnelles ?
Aujourd’hui, les IJ versées lors d’un arrêt maladie sont calculées à partir de votre salaire. Plus vous gagnez, plus vous touchez, avec toutefois un plafond. Depuis avril dernier, ce plafond est de 1,4 fois le Smic, alors qu’il était de 1,8 fois auparavant.
Mais pour le Medef, il est temps de tourner la page de cette logique proportionnelle. À la place ? Un montant fixe pour tout le monde. Le chiffre avancé : 0,58 Smic, soit environ 1 100 euros bruts mensuels, peu importe votre niveau de salaire. Cette “forfaitisation” permettrait, selon le patronat, de simplifier la gestion et de maîtriser la flambée des dépenses. Pour rappel, en 2023, la Sécu a déboursé plus de 10 milliards d’euros rien que pour les indemnités journalières.
Le patronat met en garde contre les excès
Mais attention, le Medef le dit lui-même : attention à ne pas aller trop loin. Fixer un forfait trop bas, par exemple à 0,5 Smic, “pénaliserait très largement les salariés sans complémentaire”, surtout les moins anciens ou les moins bien couverts. Le syndicat patronal insiste : il ne s’agit pas d’appauvrir les malades, mais bien de rendre le système plus lisible et plus juste. Reste à savoir comment l’État tranchera.
Et maintenant ? Débat à la rentrée
Cette proposition tombe dans un contexte tendu : la Caisse nationale d’Assurance maladie a déjà prévenu que l’Ondam, le budget des dépenses de santé, risque d’exploser en 2025. Plusieurs pistes sont déjà sur la table pour limiter les arrêts maladie, comme réduire la durée possible d’un arrêt prescrit par un médecin de ville.
Le débat est donc lancé. Faut-il, pour faire des économies, aligner tout le monde sur le même montant, quitte à bouleverser la philosophie du système ? La réponse pourrait venir dès la rentrée, lorsque les discussions budgétaires s’ouvriront à l’Assemblée. Un dossier à suivre de près, car il touche au cœur du modèle social français.