
Nicolas Kovarik/IP3 Paris , France le 13 Novembre 2016 Illustration fiches de paie -FRANCE ONLY- (MaxPPP TagID: maxnewsfrthree812669.jpg) [Photo via MaxPPP]
Entre cotisations, inquiétudes et remises en cause, le modèle français est-il en train de vaciller ?
Cotiser, mais pour quoi au juste ?
C’est un malaise qui monte doucement mais sûrement : à quoi servent vraiment toutes ces cotisations prélevées chaque mois sur nos salaires ? D’après l’Institut de la protection sociale (IPS), de plus en plus de Français avouent n’avoir qu’une idée très floue de la destination de leur argent. Derrière les sigles et les chiffres alignés sur la fiche de paie, beaucoup finissent par se demander si leur contribution sera réellement à la hauteur de leurs besoins le jour où ils en auront besoin.
Dans un rapport publié ce mardi, l’IPS s’inquiète d’un sentiment grandissant : les cotisations semblent de moins en moins utiles à ceux qui les versent. Il faut dire que l’équation n’est pas si simple. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cotiser plus ne signifie pas toujours recevoir plus, notamment en matière de retraite ou d’assurance chômage.
Un système de plus en plus opaque
Le président de l’IPS, Bruno Chrétien, le reconnaît lui-même : « Même les spécialistes s’y perdent. » Les fiches de paie promettaient la simplicité, mais restent un casse-tête. Le résultat ? Une impression de payer dans le vide, un sentiment qui touche particulièrement les hauts revenus mais pas seulement. Pour beaucoup, le travail semble rapporter de moins en moins, et la défiance vis-à-vis du système progresse à mesure que les explications se font rares.
Le risque ? Que ce découragement finisse par faire voler en éclats le consentement à la solidarité. Et avec lui, tous les grands piliers que sont l’indemnisation chômage (ARE), les retraites, ou encore la prise en charge en cas de maladie.
Faut-il repenser la solidarité ?
Tout n’est pas perdu pour autant, rassure l’IPS. Selon Bruno Chrétien, il faudrait surtout recentrer le système sur les besoins les plus lourds : mieux couvrir l’invalidité, le handicap, ou encore la dépendance, et moins s’éparpiller sur les petits actes de soin du quotidien déjà très bien pris en charge grâce au tiers-payant.
Parmi les pistes qui divisent, celle de la « TVA sociale » refait surface. Son principe est simple : augmenter la TVA pour alimenter les caisses de la protection sociale, et alléger en parallèle les cotisations qui pèsent sur salaires et entreprises. De quoi donner plus de pouvoir d’achat net aux salariés, selon ses défenseurs… Mais côté politique, le projet est loin de faire l’unanimité. Certains y voient un « impôt déguisé », d’autres une mesure socialement injuste.
Le mot de la fin : transparence, confiance, urgence
C’est bien la confiance qui manque aujourd’hui. Sans lisibilité, la machine de la solidarité risque de s’enrayer, et ce sont les droits de chacun qui pourraient en pâtir. Le débat ne fait que commencer, mais l’enjeu, lui, est vital : redonner du sens à la protection sociale, et permettre à chaque Français de savoir pourquoi il cotise… et ce qu’il peut attendre en retour.