
Un président de nouveau libre de dissoudre l’Assemblée
Après un mois d’attente, Emmanuel Macron récupère officiellement ce mardi 8 juillet la possibilité de dissoudre l’Assemblée nationale. C’est un outil majeur dans la main du chef de l’État, mais aussi un pari risqué, surtout après la tempête politique provoquée par la dernière dissolution, décidée dans la foulée du choc des européennes de juin 2024.
En voulant donner un nouveau choix aux Français, Emmanuel Macron avait lancé le pays dans une recomposition politique inédite, aboutissant à une Assemblée éclatée en trois grands blocs : à gauche, le Nouveau Front populaire ; au centre, la majorité présidentielle et ses alliés républicains ; à droite, un Rassemblement national en pleine ascension.
Un contexte politique plus incertain que jamais
Mais la Chambre basse, profondément divisée, peine désormais à adopter les lois. Le président pourrait-il donc appuyer à nouveau sur le bouton de la dissolution pour tenter de sortir de l’impasse ? L’idée plane à l’Élysée, mais Emmanuel Macron se veut prudent. Lors d’un déplacement à Saint-Germain-en-Laye la semaine dernière, il a botté en touche : « La seule chose qui doit compter, c’est que la vie des gens s’améliore. »
En coulisses, la question taraude pourtant tout le monde, des couloirs de l’Assemblée jusqu’aux plateaux télé.
Le Rassemblement national prêt à retourner aux urnes
Sans surprise, le Rassemblement national n’attend qu’un signal. Même privée de Marine Le Pen (condamnée à l’inéligibilité en mars dernier), l’extrême droite veut capitaliser sur sa dynamique. Elle a déjà fait bondir son nombre de députés lors des dernières législatives, de 88 à près de 120, sans compter les élus du parti d’Éric Ciotti, l’UDR.
Marine Le Pen, interrogée sur RTL, a même assuré : « L’intérêt des Français, c’est qu’il y ait plus de députés RN, et pourquoi pas cette majorité absolue que nous visons. Que j’y sois ou non, peu importe. » Même tonalité chez son vice-président, Sébastien Chenu, pour qui la dissolution doit intervenir « dès que possible ».
À gauche, tensions et incertitudes
Si une nouvelle dissolution devait avoir lieu, la gauche pourrait bien avoir du mal à présenter un front uni. L’alliance du Nouveau Front populaire avait surpris aux législatives, mais les relations se sont depuis tendues, notamment entre La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon et les socialistes d’Olivier Faure. Rien ne dit que la solidarité tiendra en cas de nouvelle bataille électorale.
Majorité présidentielle : l’alliance fragile
Le centre n’est pas épargné non plus. Entre Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal, et Les Républicains pilotés par Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez à l’Assemblée, les désaccords se multiplient. L’hypothèse d’une majorité solide semble donc lointaine, rendant l’option dissolution encore plus incertaine.
Les Français, entre lassitude et envie de changement
Mais que pensent les Français ? D’après un sondage Ifop-Fiducial pour Sud Radio, le pays reste coupé en deux : 50 % des citoyens se disent favorables à une nouvelle dissolution, et ils sont même 56 % à souhaiter un renversement du gouvernement Bayrou via une motion de censure. Les prochaines semaines s’annoncent donc décisives… et électriques !
Vers un nouveau rebondissement à l’Assemblée, ou Macron jouera-t-il la montre ? Une chose est sûre : l’été s’annonce brûlant sur le plan politique.