
C’est une petite révolution dans l’univers du RSA, et beaucoup risquent de tomber de leur chaise. Désormais, chaque achat de plus de 150 euros réalisé par un bénéficiaire devra être justifié auprès de la CAF. Une mesure qui soulève d’emblée des questions sur la vie privée, la confiance et l’efficacité d’un tel contrôle.
Un changement discret… mais majeur
Il y a des annonces qui passent discrètement et qui, pourtant, changent tout pour des millions de Français. Depuis cet été, le gouvernement a enclenché une surveillance beaucoup plus fine des achats réalisés avec le RSA. Fini le temps des contrôles au hasard ou des dossiers étudiés seulement en cas de doute. Aujourd’hui, chaque dépense importante devra être expliquée, document à l’appui.
« J’ai acheté une tablette à 160 euros pour les devoirs de mes enfants, et on m’a demandé de justifier que c’était bien essentiel… J’avoue, je me suis sentie suspecte », raconte Marie, maman solo de 42 ans, à peine remise de sa mésaventure avec son conseiller CAF.
Contrôle ou intrusion ? La question qui fâche
- Des factures à fournir à chaque achat “important”
- Le moindre équipement ou électroménager sous la loupe
- Un flou total sur la notion d’achat “essentiel” ou “superflu”
- Une charge administrative qui explose pour les familles et les CAF
Les associations de défense des droits sociaux montent déjà au créneau : « On confond prévention de la fraude et mise sous tutelle des plus fragiles », dénonce l’une d’elles.
Derrière la mesure : une société qui doute de ses propres citoyens ?
Officiellement, il s’agit de « mieux maîtriser les dépenses publiques » et d’éviter les dérives. Officieusement, beaucoup de travailleurs sociaux parlent d’un climat de défiance généralisée.
- Qui décide ce qu’il est “utile” d’acheter ?
- Une tablette pour les devoirs, c’est de l’éducation ou du luxe ?
- Un frigo neuf, une télé ou un bon aspirateur, c’est essentiel ou pas ?
« On va voir débarquer une montagne de papiers à traiter. Ce n’est pas comme ça qu’on va améliorer l’accompagnement des allocataires », soupire un responsable de caisse, inquiet aussi pour la sécurité des données personnelles collectées.
Le casse-tête des contrôles : à quel prix ?
- Des milliers de factures à scanner, trier, analyser
- Des conseillers CAF débordés
- Des retards possibles dans le traitement des demandes
- Des coûts administratifs qui pourraient annuler les économies espérées
Des solutions alternatives sont-elles possibles ?
Quelques députés avancent l’idée d’un plafond annuel de dépenses à ne pas dépasser, sans exiger de justificatifs systématiques à chaque passage en caisse. D’autres s’inspirent de l’Allemagne ou du Royaume-Uni, où les contrôles sont ciblés ou réalisés au hasard, pour limiter l’intrusion.
Et demain ?
Une phase de test a commencé dans plusieurs départements, avant une éventuelle généralisation. En attendant, les associations réclament des garanties sur le respect de la vie privée et la protection des données. Un “grand débat” sur la question est même suggéré, pour éviter une fracture sociale autour du RSA.