
Crédit photo : Bertrand Guay Agence France-Presse
Une décision sans précédent… ou presque
C’est une nouvelle qui marque un tournant dans la vie politique française. Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, n’a désormais plus droit à la Légion d’honneur. Sa condamnation pour corruption dans l’affaire des écoutes, confirmée en justice, a enclenché une exclusion automatique. L’arrêté a été publié dimanche 15 juin au Journal officiel, faisant de Sarkozy le deuxième président français à perdre ce prestigieux titre, après le maréchal Pétain en 1945.
Rappel des faits : l’affaire des écoutes
Petit retour sur une affaire judiciaire qui aura durablement marqué la Ve République :
- En 2014, Nicolas Sarkozy est accusé d’avoir tenté de corrompre un haut magistrat, Gilbert Azibert, pour obtenir des informations confidentielles via son avocat Thierry Herzog.
- Le verdict tombe : trois ans de prison, dont un ferme, pour les trois hommes – un jugement confirmé en appel et désormais définitif.
- Exclusion automatique : La règle veut que toute condamnation à un an de prison ferme ou plus entraîne le retrait de la Légion d’honneur.
Une exclusion qui fait débat
Du côté de la droite, la décision passe mal. Plusieurs voix dénoncent une sanction trop lourde et regrettent que la justice s’applique avec autant de rigueur à un ancien chef d’État.
Même au sommet de l’État, la gêne est palpable :
« Ce ne serait pas une bonne décision », a confié Emmanuel Macron fin avril, depuis Madagascar, montrant sa réserve face à une procédure implacable.
Mais la règle est la règle : le général François Lecointre, Grand chancelier de la Légion d’honneur, n’a fait qu’appliquer le code.
Nicolas Sarkozy conteste, la CEDH tranchera
L’ancien président, par la voix de son avocat Patrice Spinosi, « prend acte » de la décision mais garde un espoir : la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours. Si la CEDH donnait raison à Sarkozy, la condamnation – et donc l’exclusion de la Légion d’honneur – pourrait être remise en cause.
Une série noire pour l’ex-chef de l’État
Et l’affaire des écoutes n’est pas la seule ombre au tableau :
- Nicolas Sarkozy est impliqué dans d’autres dossiers sensibles, dont celui des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Le jugement est attendu pour la fin septembre.
- Ses deux coprévenus dans l’affaire des écoutes, Gilbert Azibert et Thierry Herzog, ont eux aussi perdu la Légion d’honneur et l’ordre national du Mérite.