
Un rejet attendu, sans suspense
L’Assemblée nationale a tranché, et la décision ne faisait guère de doute : la motion de censure déposée par La France insoumise (LFI) et soutenue par quelques écologistes a été massivement rejetée ce mercredi. Avec 116 votes favorables seulement, très loin de la majorité nécessaire, le gouvernement de François Bayrou n’a jamais été vraiment menacé.
La scène semblait écrite à l’avance. Ni les socialistes, ni les députés du Rassemblement national n’avaient l’intention de soutenir la démarche. Beaucoup, à gauche comme à droite, voyaient dans cette initiative une tentative politicienne plus qu’une véritable offensive contre la politique gouvernementale.
Retour sur une séquence politique sous tension
Si la motion de censure n’a pas mobilisé, elle a néanmoins cristallisé des tensions autour de la loi Duplomb, ce texte agricole qui fâche jusque dans les rangs du Parlement. La polémique principale : une disposition autorisant, de manière exceptionnelle, l’utilisation d’un pesticide néonicotinoïde, interdit jusqu’alors pour des raisons environnementales.
Pour les opposants, cette loi était l’exemple parfait d’un passage en force. Pas moins de 2 000 amendements avaient été déposés, majoritairement par des élus de gauche et des écologistes, en signe de protestation. Mais la riposte des Républicains n’a pas tardé : le député Julien Dive a obtenu l’adoption d’une motion de rejet, expédiant le projet de loi en commission mixte paritaire. Un coup de théâtre qui a court-circuité le débat.
Des échanges électriques dans l’hémicycle
La tension était palpable dans les travées de l’Assemblée. Entre rappels à l’ordre et prises de parole véhémentes, la présidente Yaël Braun-Pivet a dû rappeler les règles : « Vous n’êtes pas d’accord, vous n’avez pas à hurler », a-t-elle lancé à une élue de gauche, manifestement excédée par la tournure des événements.
À la tribune, certains députés s’interrogeaient même sur le sens réel de cette motion de censure. « S’agit-il vraiment de sanctionner le gouvernement, ou est-ce une protestation dirigée contre le Parlement lui-même ? » Une question posée à voix haute, alors que le gouvernement, selon plusieurs observateurs, n’était même pas à l’origine du texte litigieux.
François Bayrou ironise, l’opposition s’éparpille
Prenant la parole, François Bayrou n’a pas manqué de souligner l’ironie de la situation : « C’est la première fois qu’on demande à l’Assemblée de se censurer elle-même ! » a-t-il lancé, sourire en coin.
De son côté, le socialiste Olivier Faure a recentré le débat sur les retraites, jugeant la motion inutile dans le contexte actuel. Même son de cloche au Rassemblement national, où l’on dénonce une manœuvre purement symbolique.
La majorité sort renforcée, le débat reste ouvert
Malgré la défaite de la motion, le climat à l’Assemblée reste électrique. Le gouvernement conserve sa stabilité, mais les sujets de fond, qu’il s’agisse d’agriculture ou de transparence démocratique, sont loin d’être clos.
Ce mercredi, c’est surtout une impression de déjà-vu qui régnait sous les ors de la République : beaucoup de bruit, peu de conséquences, mais des tensions qui ne demandent qu’à resurgir.