
Un coup d’éclat signé Greenpeace : la statue de Macron dérobée et déposée devant l’ambassade de Russie
Ce lundi 2 juin, les passants du XVIe arrondissement de Paris ont eu droit à une scène surréaliste : la statue en cire d’Emmanuel Macron, habituellement exposée au musée Grévin, trônait fièrement devant l’ambassade de Russie. Derrière ce happening insolite, une opération coup de poing menée par Greenpeace, bien décidée à dénoncer les ambiguïtés de la politique française vis-à-vis de Moscou.
Un casse digne d’un film, pour une statue à 40 000 euros
L’histoire a des airs de scénario hollywoodien. Lundi matin, deux femmes et un homme pénètrent dans le célèbre musée parisien. Déguisés en agents d’entretien, ils détournent l’attention du vigile – un simple prétexte autour de l’ascenseur pour personnes handicapées – et filent vers la salle où se trouve la statue présidentielle.
En quelques minutes, la réplique de cire, estimée à 40 000 euros, est enveloppée dans une couverture puis discrètement exfiltrée par une issue de secours.
Le musée a vite compris la supercherie : “Ils avaient manifestement fait des repérages très précis”, a expliqué une porte-parole à l’AFP. Preuve d’une organisation millimétrée, les militants de Greenpeace ont même pris le temps de rassurer l’institution par téléphone, promettant que la statue serait “rendue indemne”.
Devant l’ambassade de Russie, un message choc
Une fois la statue en sécurité, direction l’ambassade de Russie, à l’autre bout de Paris. La scène, immortalisée par des journalistes présents, a duré à peine quelques minutes mais a fait le tour des réseaux sociaux.
- Un drapeau russe déployé derrière le “président Macron”.
- Une pancarte jaune fluo “Business is business” brandie par un militant.
- Et, pour couronner le tout, une pluie de faux billets pour dénoncer les affaires qui lient Paris à Moscou.
“La France joue un double jeu” : la cible, c’est la politique économique
Pour Greenpeace, ce coup d’éclat vise à pointer du doigt les contradictions françaises. “Emmanuel Macron incarne ce double discours : il soutient l’Ukraine mais encourage les entreprises françaises à continuer à faire commerce avec la Russie”, résume Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.
L’ONG veut alerter sur la dépendance de la France (et plus largement de l’Europe) au gaz, aux engrais chimiques et au nucléaire russes.
- Depuis 2021, les importations d’engrais russes ont explosé dans l’UE, de plus de 80 % selon les industriels du secteur.
- Bruxelles envisage de taxer ces importations, mais les agriculteurs redoutent une flambée des prix et réclament une suppression des droits de douane sur les fertilisants venus d’ailleurs.
Quand la cire devient un symbole politique
Ce n’est pas la première fois qu’une effigie politique s’évade du musée Grévin. La statue de Jacques Chirac avait été retrouvée au zoo de Vincennes, celle de Valéry Giscard d’Estaing avait connu une escapade avec des motards… Mais cette fois, le geste vise clairement à secouer le débat public.
Greenpeace assume : “On vise nommément Emmanuel Macron, parce qu’il a une responsabilité toute particulière dans cette situation”, martèle Jean-François Julliard. L’ONG exige que la France prenne la tête des discussions européennes pour tourner la page des contrats commerciaux avec la Russie.
Entre happening et message politique, une opération qui fait parler
Avec ce “kidnapping” très orchestré, Greenpeace ne voulait pas seulement faire sourire ou surprendre : il s’agit avant tout de remettre la question des liens économiques avec la Russie sur le devant de la scène. Reste à savoir si la statue de Macron retrouvera sa place au musée Grévin… et si le message aura touché sa cible à l’Élysée.