
Moins de six mois après sa nomination à Matignon, la lune de miel semble bel et bien terminée pour François Bayrou. Le dernier sondage Elabe pour BFMTV, publié ce mercredi, montre un recul net dans l’opinion publique : 57 % des Français se disent « déçus » par son action, soit une progression de 7 points depuis mars. Et si certains appellent à la patience, le scepticisme grandit.
Une cote de confiance en berne
La désaffection est marquante : seulement 10 % des sondés estiment que son action est satisfaisante, en recul de 2 points. Un tiers des personnes interrogées préfèrent encore « attendre » avant de juger, mais ce chiffre diminue lui aussi (-4 points). En toile de fond, un sentiment d’impatience grandit.
Les sujets qui crispent sont nombreux. Sur des thématiques aussi centrales que le pouvoir d’achat, la santé, le travail ou les finances publiques, la défiance est massive. Plus de 75 % des Français déclarent ne pas faire confiance à François Bayrou pour améliorer ces secteurs clés.
Une image qui se durcit
Plus préoccupant pour le gouvernement : l’image personnelle du Premier ministre se détériore. Six Français sur dix déclarent que François Bayrou les « inquiète » (+7 points). Ils sont également 45 % à le trouver « arrogant » (+5 points). Malgré tout, une note plus nuancée vient tempérer ce tableau : 45 % estiment qu’il est capable de négocier avec les autres forces politiques, un signal d’ouverture qui pourrait encore jouer en sa faveur.
Les Français peu enclins à consentir des sacrifices
Sur le terrain des réformes, le Premier ministre s’attend à devoir demander des efforts aux citoyens. Mais là encore, l’adhésion n’est pas au rendez-vous. Seuls 23 % des Français se disent prêts à faire personnellement des sacrifices pour redresser les finances publiques. La TVA sociale, évoquée comme une piste par le chef du gouvernement, est rejetée par 66 % des personnes interrogées.
Bayrou, qui a annoncé vouloir consulter les partenaires sociaux sur ce sujet sensible, peine donc à convaincre sur un des axes centraux de son programme.
Le référendum comme planche de salut ?
Malgré cette baisse de confiance, les Français ne souhaitent pas majoritairement le départ du gouvernement. 52 % s’opposent à une motion de censure. En revanche, ils réclament davantage de démocratie directe : 68 % souhaitent un référendum pour décider des grandes orientations budgétaires. Une option à laquelle le Premier ministre s’est montré favorable, à condition que l’unité nationale reste possible autour de ce projet.
Autre signal à ne pas négliger : 60 % des Français préfèrent que l’exécutif prenne le temps de rassembler et d’apaiser, quitte à retarder certaines mesures. Dans un contexte social tendu, ce besoin d’apaisement pourrait bien être la clé pour redorer l’image de François Bayrou.
Un cap difficile à tenir
Entre attentes sociales fortes, impatience citoyenne et méfiance croissante, le Premier ministre entame une séquence politique à hauts risques. S’il veut regagner la confiance perdue, il devra non seulement clarifier son cap, mais aussi convaincre que les efforts demandés seront justes et partagés.
Reste à savoir s’il saura transformer cette défiance en opportunité de dialogue, comme il l’a promis. Car pour l’heure, le doute l’emporte dans les cœurs comme dans les esprits.