
Un mail inquiétant, une prétendue dette à régler de toute urgence, et un RIB à utiliser “en remplacement de l’ancien” : depuis quelques semaines, des locataires partout en France sont la cible d’une arnaque aussi bien ficelée qu’angoissante. Et les usurpateurs ne reculent devant rien pour se faire passer pour des professionnels du logement.
Un scénario bien huilé pour semer la panique
Tout commence par un message, souvent bien rédigé, avec en-tête professionnel, nom d’agence connu et parfois même un logo familier. À l’intérieur, une explication bancale : votre dernier loyer n’est pas passé, il faut régulariser la situation. Et vite. En prime, on vous propose un nouveau compte bancaire, censé appartenir à votre propriétaire, et on vous demande de virer la somme… sans poser de questions.
Pour ceux qui lisent ce message au saut du lit ou entre deux rendez-vous, le piège peut fonctionner. L’urgence est volontairement mise en avant pour couper court à toute réflexion.
Des escrocs bien renseignés et organisés
Derrière ces messages se cache un groupe identifié sous le nom de TA2900, selon les experts en cybersécurité de Proofpoint. Leur méthode est efficace : pirater les boîtes mail de vraies agences immobilières ou de cabinets de comptabilité, pour envoyer des mails crédibles à des locataires, en leur faisant croire qu’ils communiquent avec leur gestionnaire habituel.
Les arnaqueurs vont jusqu’à utiliser plusieurs comptes bancaires différents, renouvelés fréquemment pour éviter d’être repérés. Certaines victimes ont même reçu des demandes d’autorisation pour des virements automatiques des futurs loyers.
Un simple coup de fil peut tout changer
La meilleure réaction à avoir face à un tel message, c’est de prendre une grande inspiration… et de décrocher son téléphone. Un appel rapide à votre propriétaire ou à votre agence permet souvent de tirer les choses au clair. Les coordonnées figurent sur vos quittances ou contrats. Et non, ce n’est pas du temps perdu.
La plateforme Cybermalveillance.gouv.fr rappelle aussi que si un virement a déjà été effectué, le premier réflexe est d’alerter sa banque immédiatement. Dans certains cas, le virement peut encore être suspendu ou récupéré.
Une arnaque révélatrice d’un climat de tension numérique
Ce type de tentative de fraude montre à quel point la frontière entre confiance numérique et arnaque devient floue. Quand les escrocs empruntent les habits des interlocuteurs habituels, difficile de garder ses repères. D’où l’importance de prendre le temps de vérifier chaque demande inhabituelle, surtout quand il s’agit d’argent.
Si vous recevez un mail évoquant un loyer impayé que vous n’attendiez pas, méfiez-vous des urgences fabriquées. En matière de logement comme ailleurs, mieux vaut un doute que des regrets.