
On connaît tous les sacro-saintes cinq semaines de congés payés annuels. Mais ce que beaucoup de salariés ignorent, c’est qu’il existe tout un éventail d’autorisations d’absence, parfois bien méconnues, qui permettent de souffler, de faire face à un coup dur ou de mieux équilibrer sa vie. Tour d’horizon de ces congés souvent ignorés, mais parfois précieux.
Quand la vie familiale chamboule tout
Les événements familiaux majeurs ouvrent déjà droit à des jours d’absence : mariage, décès, naissance ou enfant malade. Mais il existe aussi des congés moins médiatisés. Par exemple, si l’on vous annonce que votre enfant est porteur d’un handicap ou atteint d’une pathologie chronique sévère (diabète, cancer, mucoviscidose…), la loi vous accorde cinq jours de congé rémunéré. Une mesure discrète mais essentielle pour encaisser le choc.
Et ce n’est pas tout. Le congé parental d’éducation, souvent mal connu, permet à un parent de s’occuper de son enfant jusqu’à trois ans (un an renouvelable deux fois), en touchant une aide de la CAF. Dans un autre registre, le congé de proche aidant donne droit à jusqu’à un an d’absence pour prendre soin d’un parent dépendant ou handicapé.
Les parents d’un enfant gravement malade, eux, peuvent bénéficier du congé de présence parentale, qui autorise 310 jours d’absence sur trois ans, selon les besoins médicaux.
Autre dispositif solidaire : des collègues peuvent faire don de leurs propres jours de repos à un salarié qui traverse une situation difficile, notamment lorsqu’il s’occupe d’un enfant gravement malade.
Femmes : des avancées timides mais réelles
Certaines interruptions de grossesse, qu’elles soient spontanées (fausse couche) ou médicales (IMG), donnent droit à un arrêt de travail indemnisé sans délai de carence. C’est peu connu, mais prévu par la loi.
En revanche, pour les douleurs menstruelles ou les symptômes liés à l’endométriose, aucun droit officiel… pour l’instant. Heureusement, quelques entreprises décident de ne pas attendre la législation pour agir. Des sociétés comme La Collective, Louis Design, Solimut Mutuelle ou encore Média Monks Paris proposent désormais des congés menstruels, parfois jusqu’à 13 jours par an sur présentation d’un certificat médical. Une démarche encore marginale, mais en pleine expansion.
Des universités ont aussi sauté le pas pour leurs étudiantes. Et certaines villes montrent l’exemple : à Saint-Ouen, un congé spécial est accordé aux agentes en souffrance menstruelle depuis 2023, tandis que Strasbourg expérimente depuis septembre 2024 un congé de santé gynécologique couvrant aussi les symptômes de la ménopause.
Quand s’engager donne droit à des jours d’absence
Il n’y a pas que les urgences de la vie personnelle. La loi reconnaît aussi l’engagement solidaire. Le congé de solidarité internationale permet à un salarié de partir jusqu’à six mois en mission humanitaire à l’étranger, sans solde, mais avec une garantie de retrouver son poste au retour.
Et côté environnement, certaines entreprises innovent pour récompenser les comportements écoresponsables. L’exemple le plus surprenant ? Le « congé temps de trajet responsable » proposé par l’entreprise Ubiq. Si un salarié opte pour un mode de transport plus vert que l’avion ou la voiture (train, covoiturage, bus, bateau, vélo…) pour ses déplacements personnels d’au moins six heures, il peut obtenir jusqu’à deux jours de congé, fractionnables en demi-journées. À condition, bien sûr, de fournir une preuve du trajet.
Ces congés, souvent discrets, montrent qu’il est possible de mieux adapter le travail aux réalités de la vie. Certains sont inscrits dans la loi, d’autres relèvent d’initiatives locales ou d’employeurs innovants. Une chose est sûre : il vaut le coup de se renseigner auprès de son service RH ou de consulter la convention collective.
Et si prendre soin des autres, ou de soi-même, devenait un droit aussi banal que les vacances d’été ?