
Un tournage marqué par la peur et l’excès : nouveau témoignage accablant contre Gérard Depardieu
Le réalisateur espagnol Achero Mañas sort de l’ombre et livre un récit troublant sur le comportement de Gérard Depardieu, lors du tournage du film 1492 : Christophe Colomb en 1992. Trente ans plus tard, alors que l’acteur vient d’être condamné à 18 mois de prison avec sursis pour agressions sexuelles, ce nouveau témoignage éclaire une ambiance de plateau que Mañas décrit comme intimidante, violente, et profondément marquée par la peur.
“Je n’oublierai jamais ses cris” : une scène choquante dans un hôtel du Costa Rica
Dans une tribune publiée par El País et relayée par Libération, le cinéaste se remémore une nuit étouffante, à l’hôtel où logeaient les équipes du film. Il a 25 ans à l’époque. Depardieu, décrit comme ivre, transpirant, les gestes instables, aurait tenté d’agresser sexuellement une jeune barmaid.
Achero Mañas raconte une scène d’une grande violence :
“Il parlait de baiser la serveuse”, écrit-il, avant de décrire l’acteur tentant de passer par-dessus le comptoir pour atteindre la jeune femme, pétrifiée.
La panique est immédiate. La barmaid, « au visage enfantin », hurle. Plusieurs témoins – dont l’acteur Tchéky Karyo – se précipitent pour retenir Depardieu, qui continue, selon le réalisateur, à proférer des obscénités.
“Je n’oublierai jamais ses cris”, confie-t-il, visiblement marqué à vie par cette scène.
Un climat toxique sur le tournage ?
Le témoignage ne s’arrête pas là. D’après Achero Mañas, cet épisode ne serait pas isolé. Il évoque une série de comportements inquiétants et violents :
- Une nuit, Depardieu aurait brisé le nez d’un employé d’hôtel, simplement parce qu’on lui avait refusé l’accès aux cuisines.
- Plus tard, il aurait été passé à tabac dans une boîte de nuit, après une tentative d’agression sexuelle sur une autre femme. Son visage tuméfié aurait obligé la production à repousser le tournage du jour suivant.
Ces scènes, jusqu’alors inconnues du grand public, renforcent l’idée d’un tournage sous tension, dominé par l’autorité et l’impulsivité d’un acteur hors de contrôle.
Pourquoi parler maintenant ?
Achero Mañas explique avoir gardé le silence pendant plus de trois décennies. Il justifie sa prise de parole aujourd’hui par le choc ressenti à l’annonce de la récente condamnation de Depardieu.
“C’est comme si tout m’était revenu d’un coup”, confie-t-il.
Il décrit un tournage gouverné par l’humiliation et la crainte, où l’acteur, selon lui, exerçait un pouvoir destructeur aussi bien sur les femmes que sur les hommes.
“Ce n’était pas seulement de l’impulsivité. C’était une attitude calculée, agressive, écrasante.”
Une image qui se fissure un peu plus
Ce nouveau témoignage s’ajoute à une liste déjà longue de récits inquiétants autour de Gérard Depardieu. L’acteur, longtemps considéré comme une légende du cinéma français, voit sa réputation sombrer au fil des révélations. Si la justice a déjà tranché sur certains faits, d’autres voix continuent de se faire entendre, évoquant un climat de terreur, une impunité tolérée, voire encouragée, pendant trop longtemps.
Avec les mots crus d’un jeune homme devenu réalisateur, ce passé trouble refait surface, remettant en question bien plus qu’un simple comportement déplacé : c’est toute une époque, et un certain rapport au pouvoir sur les plateaux, qui se retrouve aujourd’hui sur la sellette.