
Paris, France, le 14 décembre 2024. Centre Interministériel de Crise au ministère de l'intérieur, place Beauvau, suite à l'ouragan Bruno Retailleau, ministre de l'intérieur démissionnaire photo : LP / Olivier Corsan
Un score écrasant, une ligne affirmée
Bruno Retailleau a surpris, et pas seulement ses adversaires. Ce dimanche, il a été élu à la tête des Républicains avec un score impressionnant, frôlant les 75 %. Dans une droite souvent tiraillée entre plusieurs courants, sa victoire marque un tournant. Et ce n’est pas lui qui dira le contraire.
Invité de CNEWS ce lundi, au lendemain de son élection, le ministre de l’Intérieur a livré sans détour sa vision pour la droite de demain. Une droite qu’il veut solide, fidèle à ses principes, et capable d’assumer clairement ses idées sans se perdre dans les compromis ou les faux semblants.
Une candidature qui n’était pas prévue
Retailleau l’avoue : au départ, il n’était pas certain de vouloir y aller. Il doutait. Et puis quelque chose a changé. Des militants de retour, des salles pleines dans des petites villes, des élections partielles où la droite progressait… petit à petit, il a senti qu’un espace s’ouvrait pour une droite “sans complexe”.
C’est cette conviction qui l’a poussé à se lancer. Et aujourd’hui, il entend bien tenir le cap, sans zigzag. “Je ne veux pas d’une droite qui rase les murs”, résume-t-il. “Je veux une droite tranquille, mais déterminée.”
Pas question de tout reconstruire seul
Malgré sa large victoire, Retailleau sait qu’il n’ira nulle part s’il reste seul. L’heure est au rassemblement, affirme-t-il. Y compris avec ceux qui ne l’ont pas soutenu dès le départ. Son rival dans la course, Laurent Wauquiez, l’a d’ailleurs félicité le soir même. Un geste qu’il salue, et qui, selon lui, ouvre la porte à une droite plus unie, capable de peser à nouveau dans le paysage politique.
Mais attention, unité ne veut pas dire flou. Il tend la main, oui, mais pas à n’importe quel prix. Pas question de fusionner avec d’autres sensibilités politiques juste pour exister. Il le dit clairement : “On peut se parler, mais je ne suis pas là pour dissoudre l’identité de la droite.”
Rester au gouvernement ? Évidemment.
Certains s’interrogent sur sa place au gouvernement après son élection à la tête de LR. Lui ne voit pas où est le problème. Selon lui, c’est même un atout : être au cœur du pouvoir pour agir, pas pour faire de la figuration.
Il insiste : rester au gouvernement, ce n’est pas se renier. C’est prendre ses responsabilités. Et s’il avait voulu trahir ses idées, il n’aurait pas obtenu un tel score auprès des militants. “La droite ne peut pas passer son temps à commenter depuis les tribunes. Il faut aussi aller sur le terrain, se salir un peu les mains.”
Immigration, justice, sécurité : une ligne très claire
Bruno Retailleau n’a jamais caché ses positions sur l’immigration. Il veut durcir les règles, notamment pour l’accès à la nationalité, et demande un bras de fer diplomatique avec les pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants sous OQTF. Il assume vouloir un référendum sur le sujet, car il estime que le modèle actuel est à bout de souffle.
Mais ce n’est pas tout. Il plaide aussi pour un véritable virage pénal, surtout envers les mineurs. Selon lui, la justice est trop lente, trop hésitante, et souvent inefficace. “Il faut des peines rapides, des peines courtes, mais qui marquent. On a abandonné l’idée même de sanction.”
Le narcotrafic, nouveau champ de bataille
Retailleau compare la lutte contre le trafic de drogue à celle contre le terrorisme. “C’est devenu une guerre. Et on est en retard.” Il soutient les nouvelles mesures adoptées ces dernières semaines : la création d’un parquet spécialisé, des prisons plus sécurisées, des peines plus lourdes. Le message est simple : la République ne doit plus reculer.
Il salue aussi le travail en duo avec le ministre de la Justice. Pour lui, c’est la première fois depuis longtemps que le couple régalien avance dans le même sens.
Une droite de convictions, pas de calcul
Ce que veut Retailleau, ce n’est pas seulement réorganiser le parti. C’est porter un vrai projet de société. Un projet de “rupture”, dit-il. Pas une rustine, pas un replâtrage. Une ligne forte, enracinée dans les valeurs de la République, dans l’effort, dans le mérite, dans l’ordre. Et surtout, dans l’écoute de ceux qu’on n’entend plus.
Il conclut sur un message presque personnel : il croit encore en la France. En sa grandeur, en sa culture, en ses racines. “On est le pays de Pasteur, de Hugo, de Saint-Vincent-de-Paul. On n’a pas dit notre dernier mot. Mais il faut une boussole.”