
C’est un score sans appel : Bruno Retailleau a été élu à la tête des Républicains avec 74,3 % des voix, contre 25,7 % pour Laurent Wauquiez. Le scrutin, organisé sur deux jours par vote électronique, s’est clôturé ce dimanche avec une participation dépassant les 80 %. Un chiffre révélateur de l’enjeu, mais aussi d’une base militante qui semble avoir clairement choisi son cap.
Ce résultat vient renforcer la stature politique du ministre de l’Intérieur, qui prend ainsi les commandes d’un parti longtemps fragilisé, souvent donné pour moribond. Mais cette victoire ne marque pas seulement la fin d’une campagne interne : elle pourrait bien être le début d’un compte à rebours pour 2027.
Retailleau s’affirme, sans quitter le gouvernement
À peine les résultats annoncés, Bruno Retailleau a pris la parole sur TF1, visiblement déterminé à ne pas perdre une seconde :
« Notre famille politique est à même aujourd’hui de porter notre projet pour la présidentielle. »
Il en a profité pour tendre la main aux électeurs déçus ou partis ailleurs, les appelant à revenir. Un signal fort, presque une relance officielle de la machine LR pour les prochaines grandes échéances.
Et malgré son nouveau rôle, il reste au ministère de l’Intérieur, estimant que les militants ont tranché cette question par leur large soutien. En clair, il dirige le parti tout en gardant la main sur les dossiers régaliens. Une position double, stratégique, et potentiellement payante à long terme.
Wauquiez perd, mais ne lâche rien
Dans son fief du Puy-en-Velay, Laurent Wauquiez a reconnu sa défaite avec une certaine dignité. Il a surtout insisté sur la nécessité d’éviter « le poison de la division », qui, selon lui, a tant affaibli la droite par le passé.
Mais sur le fond, il ne bouge pas d’un iota : pour lui, il est hors de question que la droite se laisse « diluer dans le macronisme ». Une manière de dire qu’il restera une voix à part dans le paysage LR, même s’il n’en tient plus les rênes.
Une campagne très droitière, des lignes bien marquées
Si l’affrontement a été net dans les urnes, il l’a été tout autant dans les idées. Les deux candidats ont mené une campagne marquée à droite, chacun sur son terrain.
Laurent Wauquiez a multiplié les propositions chocs, comme l’envoi des étrangers sous OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon, ou la création d’un « cordon sanitaire » autour de LFI.
De son côté, Bruno Retailleau, en tant que ministre, s’est concentré sur l’action. Il a durci les critères de naturalisation, tenté de rapatrier des étrangers en situation irrégulière, notamment vers l’Algérie, et s’est positionné comme l’homme de l’ordre et de la fermeté.
Une droite qui cherche à se redéfinir
Avec cette victoire, Retailleau s’impose comme le chef d’orchestre d’une droite en quête d’identité. Plus question d’hésiter entre une droite gestionnaire, une droite identitaire ou une droite centriste : le message envoyé par les militants est clair. Ils veulent une ligne affirmée, une figure stable, et peut-être aussi un espoir en vue de 2027.
Reste à savoir si cette dynamique tiendra dans le temps… et si Bruno Retailleau parviendra à rassembler une droite morcelée, tout en gardant son cap à la tête du ministère. Pour l’instant, la route est dégagée, mais les virages ne manqueront pas.