
L’histoire circule un peu partout sur internet : une simple pièce de 2 euros aurait été vendue jusqu’à 80 000 euros sur eBay. Et il ne s’agirait pas d’une erreur ou d’un modèle commémoratif classique, mais d’une pièce grecque datant de 2002, frappée… par la Finlande. Un petit détail au bas de la pièce – la lettre « S » incrustée dans une étoile – aurait suffi à affoler les collectionneurs.
Mais alors, info ou intox ? Peut-on réellement espérer gagner des milliers d’euros avec une pièce oubliée au fond d’un tiroir ? Le marché de la numismatique, entre fascination et spéculation, mérite qu’on y regarde de plus près.
Une pièce bien réelle, mais pas forcément exceptionnelle
Il ne s’agit pas d’un mythe : cette pièce de 2 euros existe bel et bien. Elle a été mise en circulation au moment où la Grèce rejoignait la zone euro, sans encore disposer des infrastructures nécessaires pour frapper ses propres pièces. Elle a donc fait appel à d’autres pays, dont la Finlande. Le « S » visible dans l’étoile du bas est en fait le symbole de « Suomi », le nom finlandais du pays.
On trouve aussi d’autres lettres selon le pays de fabrication : « F » pour la France, « E » pour l’Espagne… Mais c’est bien la version finlandaise, marquée d’un « S », qui attire aujourd’hui les regards. La raison ? Sa quantité en circulation semble plus limitée, et cela suffit parfois à créer la rareté… ou du moins à en donner l’illusion.
Jusqu’où peut grimper la valeur d’une pièce de 2 euros ?
Sur certaines plateformes comme eBay, on trouve effectivement des annonces faramineuses : 4 500 euros, 20 000 euros, parfois même 80 000 euros pour cette fameuse pièce. Des prix qui font rêver, mais qui ne reflètent pas forcément la vraie valeur du marché.
Car dans le monde de la numismatique, c’est la loi de l’offre et de la demande qui prime. Une pièce n’a de valeur que si quelqu’un est prêt à payer le prix demandé. Or, les pièces vendues à des montants exorbitants ne trouvent que rarement preneur. Et les professionnels du secteur appellent à la prudence.
Un engouement qui fait parfois perdre la tête
L’expert allemand Peter Feuser, interrogé par Bild, ne cache pas son scepticisme : « Dix millions de personnes pensent qu’elles sont riches parce qu’elles ont une pièce avec un S. C’est un non-sens. » Et il n’a pas tort : le marché est inondé de fausses bonnes affaires, entre surévaluation et espoir de jackpot instantané.
La véritable valeur des pièces rares repose généralement sur d’autres critères : des éditions très limitées, des modèles commémoratifs, ou encore des erreurs de frappe reconnues. Un bon exemple reste la pièce de 2 euros à l’effigie de Grace Kelly, émise par Monaco en 2007 à seulement 20 001 exemplaires. Celle-là, les collectionneurs sérieux se l’arrachent, et son prix peut grimper autour des 2 000 euros, voire plus selon l’état.
Faut-il courir vérifier ses pièces ? Oui… mais sans fantasmer
Bien sûr, il n’y a aucun mal à jeter un œil à vos pièces de 2 euros. Certaines peuvent effectivement avoir une petite valeur ajoutée. Mais attention à ne pas tomber dans le piège des spéculations virales.
Avant de vendre ou d’acheter, il vaut mieux consulter un site spécialisé ou un professionnel en numismatique. Et surtout, méfiez-vous des annonces sensationnelles qui font croire qu’un petit « S » va vous rendre millionnaire du jour au lendemain.
Donc, oui, certaines pièces valent plus que leur valeur faciale, mais elles sont peu nombreuses et rarement celles qu’on croit. La chasse au trésor peut être amusante, mais elle mérite un peu de recul… et beaucoup de bon sens.