
Une promesse tenue, plus de 100 ans après la dernière baignade autorisée
C’est un petit événement qui sent bon l’été et la revanche sur les clichés. À partir du 5 juillet, les Parisiens – et tous ceux qui passeront par la capitale – pourront se baigner dans la Seine. Oui, dans le fleuve. Un siècle après son interdiction, la baignade est de retour, avec trois sites aménagés pour l’occasion. Ce n’est plus une promesse politique ou un pari olympique, c’est désormais une réalité.
Trois zones de baignade surveillée ouvertes tout l’été
Les nouveaux sites de baignade seront répartis à trois endroits emblématiques : quai de Bercy (12e arrondissement), bras de Grenelle (15e) et bras Marie, face à l’île Saint-Louis, en plein cœur de Paris. Chacun pourra accueillir entre 150 et 200 baigneurs à la fois, gratuitement, jusqu’au 31 août.
C’est la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a officialisé la nouvelle en conférence de presse. Pour elle, ce projet coche plusieurs cases à la fois : il répond au besoin de rafraîchissement en période de canicule, mais aussi à une quête de qualité de vie en ville, dans un esprit proche de la nature. « Quand on nage en eau libre, c’est qu’on n’a pas envie d’être en piscine », a-t-elle insisté.
Moins d’infrastructures, plus de nature
Pas question ici d’installer des cabines en béton ou des toboggans en plastique. L’idée est de garder l’esprit “eau libre”, avec quelques aménagements légers : douches, vestiaires, bouées pour délimiter les zones. Seul le site de Grenelle proposera un espace un peu plus encadré, avec un bassin aménagé pour les enfants.
À bras Marie, la baignade sera plus restreinte dans le temps, pour permettre la cohabitation avec la navigation fluviale, essentielle à l’économie locale. Là-bas, il faudra venir le matin ou le dimanche pour piquer une tête.
Des eaux surveillées au quotidien
Se baigner dans la Seine, ce n’est pas anodin. Le fleuve a longtemps été un repère de pollution et d’interdictions. Mais aujourd’hui, les règles sont strictes. L’eau sera testée chaque jour, et la baignade ne sera autorisée que si les niveaux de bactéries sont conformes aux normes européennes.
Deux bactéries sont surveillées de près : Escherichia coli et les entérocoques intestinaux. En cas de dépassement des seuils, la baignade sera interdite temporairement. Un système de drapeaux (vert, orange, rouge) sera mis en place pour prévenir les baigneurs sur place, avec des infos mises à jour en ligne.
Un chantier colossal pour rendre la Seine propre
Pour que ce projet voie le jour, il a fallu huit ans de travaux et plus de 1,1 milliard d’euros d’investissement. Depuis 2016, des stations d’épuration ont été modernisées, 260 péniches raccordées au réseau d’eaux usées, et plus de 23 000 foyers identifiés comme mal branchés ont vu leurs installations corrigées.
Un effort qui continue : rien qu’entre septembre et aujourd’hui, près de 3 000 nouveaux raccordements ont été mis aux normes.
Mais malgré tous ces efforts, la météo reste un facteur clé. En cas de fortes pluies, les réseaux d’assainissement peuvent déborder, et de l’eau usée est relâchée dans la Seine. Un grand bassin de stockage a donc été creusé près d’Austerlitz, accompagné d’une nouvelle canalisation géante (le VL8) pour éviter au maximum ce type de rejets.
Un projet qui dépasse Paris
Autour de la capitale aussi, la baignade s’organise. Dès le 28 juin, deux sites rouvriront sur d’anciens lieux historiques à Maisons-Alfort et Joinville-le-Pont, sur la Marne. En tout, 14 sites baignables ont été identifiés dans le Val-de-Marne, et plus de vingt communes d’Île-de-France envisagent d’ouvrir des lieux de baignade dans les années à venir.
Et la suite ? Objectif 2028 et au-delà
Le préfet de région, Marc Guillaume, a rappelé que la prochaine étape consiste à ouvrir la baignade entre Paris et le Village olympique, avec deux nouveaux sites prévus d’ici 2028 : à l’île de Monsieur et à L’Île-Saint-Denis. Un défi ambitieux, notamment en raison des 700 bateaux à raccorder correctement.
Mais l’optimisme est là. « Nous sommes encore plus confiants que l’an dernier », assure le préfet. Et si tout se passe bien cet été, nager dans la Seine pourrait bien devenir un nouveau réflexe urbain. Une façon, aussi, de reconnecter Paris avec son fleuve, dans un moment où la ville cherche à respirer autrement.