
La place Saint-Pierre était en effervescence ce jeudi 8 mai. Il était un peu plus de 18h quand la fumée blanche est apparue au-dessus de la chapelle Sixtine, mettant fin à deux jours de conclave. Quelques instants plus tard, les cloches retentissaient dans tout le Vatican : le 267e pape venait d’être élu.
Et c’est un visage encore peu connu du grand public qui est apparu au balcon de la basilique : Robert Francis Prevost, 69 ans, nouvel évêque de Rome, a choisi de prendre le nom de Léon XIV. Un nom chargé d’histoire, pour un homme que beaucoup voient comme le choix de la continuité, dans le sillage de son prédécesseur, le pape François.
« Que la paix soit avec vous tous ! »
C’est dans un italien fluide, mais marqué par un accent américain, que le nouveau pape s’est adressé pour la première fois aux fidèles massés sur la place.
« Que la paix soit avec vous tous ! », a-t-il lancé, visiblement ému, avant de rendre hommage à son prédécesseur : « Merci au pape François », a-t-il ajouté, saluant celui à qui il doit en partie son ascension au sein de la Curie.
Élu dès le quatrième tour de scrutin, avec la majorité des deux tiers exigée, Léon XIV incarne un profil plutôt modéré, apprécié pour sa capacité d’écoute et sa connaissance approfondie des rouages du Vatican. Il avait été nommé cardinal en 2023 par François, qui voyait en lui un allié fiable et discret.
Un pape venu de Chicago… mais pas que
Né le 14 septembre 1955 à Chicago, Robert Prevost est le premier pape originaire des États-Unis, et le quatrième de suite à ne pas être italien. Avant lui : le Polonais Jean-Paul II, l’Allemand Benoît XVI, et bien sûr, l’Argentin François.
Issu d’un père franco-italien et d’une mère espagnole, le nouveau pontife est souvent décrit comme « le moins américain des Américains ». Il a grandi dans une famille multiculturelle, étudié les mathématiques et la philosophie à l’université Villanova en Pennsylvanie, et surtout, il a passé une grande partie de sa vie comme missionnaire au Pérou, au sein de l’ordre de Saint-Augustin.
Une expertise solide du fonctionnement interne du Vatican
Avant son élection, Léon XIV occupait un poste-clé au sein de la Curie romaine : il était préfet du Dicastère pour les évêques, une fonction stratégique, puisqu’il supervisait la nomination des évêques à travers le monde. Il présidait également la Commission pontificale pour l’Amérique latine, preuve de son ancrage international et de sa proximité avec les réalités du Sud global.
Sa maîtrise des arcanes du Vatican, doublée d’une grande ouverture sur le monde, devrait lui permettre de naviguer habilement dans les méandres d’une Église en mutation.
Des défis lourds dès les premiers jours
Léon XIV prend la tête d’une Église catholique confrontée à des secousses profondes. En Europe, la perte d’influence est flagrante. Les scandales liés aux abus sexuels n’ont toujours pas été pleinement surmontés. Les vocations sont en chute libre, et les finances du Vatican restent fragiles.
Mais au-delà des chiffres, le nouveau pape devra aussi maintenir un équilibre délicat entre les courants traditionnels et les voix réformatrices, au sein d’une institution profondément marquée par la diversité culturelle. Et ce, tout en poursuivant — peut-être avec plus de diplomatie — certaines des grandes orientations impulsées par François.
Un nouveau chapitre s’ouvre
Avec Léon XIV, l’Église catholique fait le pari d’un pape expérimenté mais mesuré, ancré dans la tradition mais ouvert au dialogue, et surtout, à l’aise dans la complexité du monde moderne. Son passé de missionnaire, sa connaissance du terrain, et son profil international font de lui un pont naturel entre les continents et les cultures.
Reste à voir, dans les mois qui viennent, quelle ligne pastorale il choisira d’incarner. Pour l’heure, à Rome comme ailleurs, le moment est à l’émotion. Et les regards du monde entier sont tournés vers ce nouveau visage, à qui revient désormais la lourde tâche de guider l’Église dans ce XXIe siècle en constante évolution.