
Une proposition de loi pour permettre aux salariés d’être payés en plusieurs fois dans le mois
Et si tu pouvais choisir quand recevoir ton salaire, plutôt que d’attendre le 1er du mois ? C’est exactement ce que propose une nouvelle proposition de loi portée par le député parisien Jean Laussucq, révélée ce 6 mai par France Inter. L’idée : autoriser le versement du salaire en plusieurs fois, si le salarié en fait la demande. Une petite révolution dans notre façon d’envisager le travail… et le compte en banque.
Un système pensé pour soulager les fins de mois difficiles
Aujourd’hui, la règle est simple : sauf exception, le salaire est versé une fois par mois, en une seule fois. Seule alternative prévue par la loi : un acompte à la moitié du mois, qui ne peut dépasser 50 % du salaire. Problème, pour beaucoup, cette rigidité ne colle plus à la réalité.
Jean Laussucq explique vouloir offrir plus de souplesse, dans un contexte où les Français doivent jongler chaque mois avec les découverts, les agios et les crédits à la consommation. Il rappelle qu’en moyenne, les frais bancaires liés à ces difficultés atteignent 7 milliards d’euros par an. Sa proposition : permettre, à la demande du salarié, de toucher son salaire en plusieurs fois dans le mois, selon son rythme et ses besoins.
Une pratique déjà expérimentée dans le privé
Ce système n’est pas complètement nouveau. Plus de 1 000 entreprises en France utilisent déjà ce mode de versement fractionné, souvent grâce à des applications comme Stairwage. Ces plateformes permettent aux salariés de récupérer en temps réel l’argent correspondant aux jours déjà travaillés, sans attendre la fin du mois.
Yann Le Floc’h, PDG de Stairwage, défend vivement cette idée : « Aujourd’hui, ce sont les salariés qui avancent 30 jours de travail avant d’être payés. Est-ce que c’est vraiment juste ? » Pour lui, ce nouveau modèle donne plus de liberté et de dignité aux travailleurs, tout en les protégeant des pièges du crédit.
Bousculer une habitude vieille de plusieurs décennies
Le versement mensuel a longtemps été vu comme une protection. Jean Laussucq reconnaît d’ailleurs qu’il s’agissait d’une règle utile il y a 50 ans, à une époque où les comptes bancaires n’étaient pas aussi connectés et où le pouvoir d’achat était plus stable. Mais selon lui, la situation a changé : les besoins sont plus immédiats, les dépenses plus irrégulières, et la pression financière beaucoup plus forte en début de mois.
Cette proposition de loi, qui devrait être déposée dans les dix prochains jours, veut donc offrir une alternative plus souple – non pas obligatoire, mais activable à la demande de chacun.
Un texte qui pourrait faire bouger les lignes
Si la loi est adoptée, elle pourrait changer en profondeur le rapport au travail et à la rémunération. En donnant aux salariés la possibilité de recevoir leur salaire au fil de l’eau, elle permettrait d’éviter certains découverts, d’adoucir les imprévus, et de limiter le recours aux crédits.
Reste à voir si ce texte, encore au stade de proposition, trouvera un écho favorable dans l’hémicycle… et chez les employeurs. Mais une chose est sûre : la question de la flexibilité salariale est désormais sur la table.