
C’est un geste qu’on a tous fait des dizaines de fois sans vraiment y penser. Glisser sa carte dans le distributeur, taper son code, et entendre le petit bruit des billets qui sortent. Mais ce petit rituel du quotidien est en train de disparaître doucement, presque sans faire de bruit. D’ici à fin 2025, les bons vieux distributeurs automatiques de billets, tels qu’on les connaît, vont largement tirer leur révérence.
Le cash a de moins en moins la cote
C’est un fait : les Français retirent de moins en moins d’argent liquide. C’est devenu presque marginal, surtout en ville. Cartes, paiements sans contact, téléphones, applis… aujourd’hui, tout se passe en quelques clics. Et pour les banques, garder en vie tout ce réseau de distributeurs coûte une fortune. Du coup, elles ont décidé de changer de stratégie.
Eric Petitgand, un des dirigeants du Crédit Mutuel, l’a dit sans détour dans Le Monde : les retraits diminuent chaque année. Résultat : pourquoi continuer à entretenir des machines qui ne servent presque plus ?
Place à « Cash Services », la nouvelle génération d’automates
Mais pas question de laisser tout le monde sans solution. Surtout pas dans les petites villes ou les villages où le distributeur est parfois le dernier lien physique avec une banque. C’est là qu’intervient un projet ambitieux : Cash Services.
Derrière ce nom un peu passe-partout se cache une nouvelle génération d’automates bancaires, pensés pour être plus utiles, plus complets et surtout plus rentables. Au lieu de juste distribuer des billets, ils permettront aussi de déposer du liquide, des chèques, voire de faire d’autres opérations simples. Et ce, quelle que soit votre banque.
Le déploiement a déjà commencé
Le projet a démarré en douceur fin 2024, et les choses vont s’accélérer dès juin 2025. L’objectif ? 1 000 sites installés cet été, puis 3 000 avant la fin de l’année, avec un total de 7 000 machines prévues d’ici fin 2026. C’est massif, et ça montre bien que ce n’est pas juste une expérimentation dans un coin perdu.
Un enjeu de taille pour les zones rurales
Il faut dire que la désertification bancaire est devenue un vrai problème. Dans certains coins, les agences ont fermé les unes après les autres, et les distributeurs ont suivi. Pour beaucoup, cela signifie des kilomètres à faire juste pour retirer un peu d’argent.
Avec ces nouveaux automates, les banques espèrent rétablir un minimum de service de proximité, tout en modernisant leur offre. Les machines seront capables de gérer plusieurs milliers de retraits par mois, ce qui suffit largement pour répondre aux besoins locaux.
Mais tout le monde ne s’en réjouit pas forcément
Alors oui, c’est plus moderne, plus pratique, plus économique. Mais ça change quand même notre rapport à la banque. Moins de contacts humains, plus d’écrans, plus d’autonomie. Pour certains, c’est une bonne chose. Pour d’autres, ça sonne comme la fin d’un service personnalisé.
Et puis, il y a cette impression tenace que tout devient numérique, même quand on ne l’a pas demandé. Certains, notamment les personnes âgées ou les moins à l’aise avec la technologie, risquent de se sentir encore un peu plus exclus. Ce changement, même s’il semble inévitable, ne doit pas oublier l’importance de garder des services accessibles à tous.
Une transformation déjà bien enclenchée
En réalité, ce virage a déjà commencé. Et cette transformation va bien au-delà du simple retrait d’argent. Elle illustre un mouvement plus large : les banques cherchent à réduire leurs coûts, à mutualiser leurs services, et à faire face à la concurrence des néobanques qui ont complètement réinventé le secteur.
Avec Cash Services, elles espèrent rester dans la course, tout en adaptant leurs infrastructures à un monde où le cash n’est plus roi.
Alors, faut-il dire adieu aux distributeurs ?
Oui… du moins à ceux qu’on connaît. Les DAB classiques sont voués à disparaître, mais ils ne vont pas être remplacés par le vide. À leur place, des machines plus polyvalentes, plus intelligentes, plus connectées. Ce ne sera plus tout à fait pareil, c’est vrai. Mais peut-être qu’il est temps, aussi, d’inventer une nouvelle façon de gérer notre argent.